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Assassinat d’Ibni Oumar Mahamat Saleh : Les députés français s’accrochent aux Basques de Deby

Publié par Ndouné sur 25 Mars 2010, 18:06pm

Catégories : #Politique

Ibni-Oumar-Mahamat-Saleh-1-.jpgIl faut dire que le député socialiste Gaëtan Gorce et une bonne frange du Parlement Français ne démordront pas avant longtemps du cas de la disparition de l’opposant Tchadien Ibni Oumar Mahamat Saleh, décidés qu’ils sont de ne pas – selon leurs propres mots – « laisser ce dossier s’endormir derrière une pile d’autres ». En effet, au-delà des percutantes et incessantes actions qu’ils entreprennent depuis près de deux ans afin de ne pas laisser ce dossier sombrer dans l’oubli, les voilà qui viennent - une fois de plus - de porter ce crime du régime Deby en séance publique à l’Assemblée Nationale Française. Leur objectif : Obtenir la constitution d’une Commission Parlementaire d’enquête.

 

Depuis le mardi 23 Mars dernier, le Parlement français chauffe comme une tasse de thé. En effet, une fois de plus, à l’initiative du député socialiste Gaëtan Gorce soutenu par tous les élus socialistes, l’ensemble du Parlement s’est réuni en séance publique pour débattre pour la énième fois du cas de la disparition  - jusqu’ici inexpliquée  - de l’opposant Tchadien, pourtant modéré, Ibni Oumar Mahamat Saleh.

Cet homme politique, on s’en souvient, avait été enlevé en plein jour de son domicile à N’djamena le 03 février 2008, par des éléments de la garde prétorienne d’Idris Deby Itno, au lendemain d’une offensive militaire qui avait vu les forces de l’opposition militaire parvenir jusqu’aux portes du palais rose.

Battu comme plâtre devant sa famille, pieds et mains ligotés comme un singe, le pauvre homme politique avait été jeté sans ménagement dans une Land-Cruiser par des soudards de la garde présidentielle, et emmené pour une destination inconnue. Destination qui s’est aujourd’hui muée en véritable trou noir.

Questionné au sujet de la volatilisation de cet opposant qui n’avait jamais constitué une réelle menace pour son régime, mais pourtant arrêté par sa garde prétorienne, le dictateur avait criaillé, une main sur le cœur, et l’autre sur le Coran ne rien savoir à propos de cette histoire, et qu’il n’a jamais donné l’ordre à qui que ce soit d’interpeler Ibni Oumar.

Ibni Oumar Mahamat Saleh qui avait été enlevé le même jour, et dans les mêmes conditions, qu’un autre opposant : Ngarlejy Yorongar.

Ce dernier a réapparu quelques temps plus tard au terme d’une épique cavalcade qui l’aura mené de Douala à Paris, révélant comment il avait été maltraité par la soldatesque enragée du chef du clan des Itno. Mais, et jusqu’à ce jour, nulle trace de Ibni pour lequel personne ne se fait plus aucune illusion.

Ainsi, depuis maintenant plus de deux ans, cet homme marié et père de plusieurs enfants n’a plus fait le moindre signe de vie. Il est donc certain qu’il est mort et enterré, mais qui l’a tué ? Pourquoi ? Et où est sa dépouille ?

Voilà les lancinantes questions que n’arrête pas de se poser sa famille. Mais heureusement que des milliers d’autres personnes n’en finissent pas de se la poser.  Et parmi ceux – ci, les sections Françaises de Amnesty International, celle de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT), ainsi que maintes autres associations de protection des droits de l’homme.

Ces associations auront tellement hurlé aux oreilles du tueur en chef de N’djamena qu’il a fini – avec une effarante mauvaise foi, et en traînant les pieds – par ordonner une enquête dont les conclusions ont bel et bien confirmé, environ un an plus tard, l’enlèvement de l’homme politique par des éléments de la garde présidentielle.

 Mais sans pour autant établir une responsabilité précise : Oui, ce sont des éléments de la garde présidentielle qui ont interpelé Ibni Oumar Mahamat Saleh, mais ces éléments n’ont pu être identifiés.  Conséquence : tout le monde s’est retrouvé  en plein dans l’histoire de l’homme au visage masqué par un burnous qui a vu un homme masqué d’un burnous, qui a vu des hommes aux visages masqués de  burnous enlever Ibni Oumar Mahamat Saleh !

Quant aux interpellations attendues, personne n’a, jusqu’ici, même seulement été convoqué à N’djamena.

 Il est donc clair que c’est à un enterrement de première classe qu’a droit le dossier Ibni Oumar.

C’est donc face à ce risque de voir le dossier tomber dans l’oubli que le député français n’en finit pas de secouer l’opinion française et internationale. Et il faut dire que son entêtement n’est pas inutile, puisque, déjà le 16 Octobre 2009 Nicolas Sarkozy avait convoqué Idriss Deby dare dare à l’Élysée. C’est sous la pression Sarkoziste qu’il fut contraint d’ordonner une commission d’enquête qui, bien évidemment a rendu, en guise de copie, une feuille blanche. Mais cela n’a pas découragé le parlementaire Français.

Le voilà qui vient d’auditionner, mardi 23 Mars 2010, à huis clos deux diplomates Français, parmi lesquels l’Ambassadeur de France en poste à N’djamena au moment des faits.

« Ma conviction, affirme avec détermination l’honorable Gorce, c’est que les autorités Françaises ne peuvent ne pas savoir ce qui s’est passé, même s’ils n’en portent certainement pas la responsabilité. »

Des autorités qui demeurent tout de même curieusement aphones depuis deux ans, et qui doivent bien sérieusement se gratter la tête à l’heure qu’il est à cause du remue ménage de cet élu socialiste qui se défend de « n’avoir aucune volonté polémique à l’égard de qui que ce soit. »

Quoi qu’il en soit, les députés français n’attendent plus que les dernières conclusions de l’enquête ordonnée par le Tchad.

Car Ils sont décidés – et ils sont catégoriques là-dessus – à tout faire pour obtenir la constitution d’une Commission d’enquête Parlementaire au cas où l’enquête de n’Djamena persisterait à rester sur un cul de sac.

Bien entendu, Idriss Deby a toutes les raisons de se faire un sang d’encre, surtout qu’en plus, tout semble se liguer contre lui à l’heure qu’il est : Les caisses de l’Etat sont vides, le pétrole ne se vend plus, la BEAC rechigne à lui prêter de l’argent, et comme si tout cela n’était pas assez, le FMI et la Banque Mondiale le tiennent en joue en lui ordonnant de s’entendre avec son opposition.

C’est certainement l’esprit d’Ibni Oumar Mahamat Saleh qui le poursuit….

 

Par D.D | Ndjamena-matin


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