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Tchad : Lettre ouverte au journaliste Hassan Sylla Ben Bakari

Publié par Ndouné sur 19 Août 2013, 19:03pm

Catégories : #Opinion

Cher confrère journaliste Hassan Sylla Ben Bakari !

Hassan-Sylla-Ben-Bakari.jpgSi j’use cette voie en ne me servant pas de votre casquette de ministre de l’information et de la Communication, parce que je demeure convaincu qu’une nomination au poste de responsabilité, quelque soit son degré de puissance n’est qu’une éphémère chose. Mais une formation est celle qui a fait de vous ce que vous êtes aujourd’hui. Elle habite en vous comme la carapace d’une tortue. Être ministre au Tchad n’a aucune importance, puisque tout se négocie actuellement et le plus souvent ce sont ceux qui jouent le rôle d’enfants de chœur qui accèdent à des telles postes de responsabilité. Mais lorsque l’on est journaliste, on est porteur du quatrième pouvoir de son pays grâce à notre plume et à notre franc parlé qui peuvent parfois dépasser la taille de nos oreilles. Quand on est ambassadeur d’un quatrième pouvoir comme le journalisme, on ne doit pas laisser derrière une haie épineuse les opprimés et les démunis pour n’entendre que d’une oreille lointaine, leurs malheureux pleurs de souffrance comme ces chiens qui aboient qu’il ait une caravane qui passe ou qu’il ne l’ait pas du tout. Hassan Sylla Ben Bakari, derrière cette haie morale dont je parle, se trouve ce peuple pauvre tchadien qui n’a que vous journaliste comme défenseur d’abord et ministre de l’information et de la Communication après. Ce peuple pauvre dont il s’agit, ce sont ces candidats au concours de recrutement pour le poste des présentateurs de télé, des reporters ou autres agents de l’ONRTV (Office National de Radio et Télévision du Tchad), dont la première phase a été organisée par votre ministère au siège de HEC-Tchad, un établissement privé. Normalement cela ne devait pas se faire là bas, puisque le Tchad compte assez de grandes écoles publiques capables d’accueillir des grands concours d’état. Là d’ailleurs n’est pas le but de ma lettre ouverte. Je disais donc que la première phase a eu lieu le 24 mars 2013. À l’issue de ce premier test, il y a une quarantaine des présélectionnés. Le 2 juillet 2013, la quarantaine des candidats présélectionnés a été convoquée pour un test définitif qui s’était déroulé dans les locaux de l’ORNTV sous la surveillance du directeur général Doubaye Klétoui, un ancien technicien. Depuis le 2 juillet 2013 de cette seconde phase de test de présélection, chacun de ces candidats attend toujours les résultats qui ne tombent pas. Nous sommes vers la fin du mois d’août et bientôt nous serons en septembre. Comme vous avez toujours eu à citer ce proverbe dans vos papiers de journaliste ou dans vos discussions lorsque vous étiez encore dans la zone du peuple pauvre : « les chiens aboient, la caravane passe ». Ces candidats aboient devant et derrière votre caravane sans que vous journaliste et ministre de l’information et de la communication, ni le directeur général de l’ONRTV monsieur Doubaye Klétoui, ni même son adjoint Ahmat Makaïla, personne d’entre vous les trois chefs n’a pris juste une petite minute pour entendre leurs aboiements. J’ai pris ce proverbe sur les chiens et la caravane, car au Tchad lorsque l’on n’est pas soutenu par une force quelconque on est comme un chien. Quand on n'a pas un travail rémunérateur, on est comme un chien qui court derrière son maître sans aucune dignité. Ces candidats aboient, car ils attendent toujours des résultats qu’ils soient bons ou mauvais. En principe, cela est votre devoir de leur rendre public ce qu’ils attendent. Je ne rentre pas dans la profondeur de choses, mais Hassan Sylla Ben Bakari, mettez fin aux aboiements de ces candidats que vous traitez de façon indigne en leur rendant public ce qu’ils attendent de vous et surtout de l’ONRTV.

Ce peuple pauvre, ce sont aussi les parents, les épouses, leurs enfants, leurs amis, leurs confrères ou leurs collègues journalistes qui aboient derrière votre caravane et celle du président de la République pour demander la libération sans aucune condition du journaliste Éric Topana et de son confrère Moussaye Avenir de la Tchiré et du blogueur Jean Étienne Laokolé. Beaucoup de gens ont exprimé leurs aboiements à travers des articles publiés, des pétitions signées, mais sans que la lutte de ceux qui les soutiennent ne vous coupe le sommeil. Et comme au Tchad celui qui est en dessous de vous est souvent traité comme un chien. Voilà pourquoi, afin d’éviter de subir un tel traitement, je préfère vous parler en confrère, puisque nous nous connaissons de prénom et de nom de famille pour avoir couvert des séminaires, des concerts à l’Institut français (C.C.F au temps de Joël De chezleprêtre) ou autres actualités importantes lorsque vous étiez encore journaliste. Je vous parle directement comme si je parle toujours à un confrère afin que vous puissiez dire au président de la République comme vous êtes son ministre de l’information et de la communication que vous avez de gens qui vous suivent toujours en aboyant comme des chiens pour demander simplement la libération de ces trois hommes de la presse tchadienne qui n’ont pas volé vos morceaux de viande à la manière de prédateurs, et donc sans commettre aucun délit. Je réserve le droit de n’user aucun mot fort à votre égard. Je veux que vous transmettiez fidèlement mon message qui exige la libération d’Éric Topana, de Moussaye Avenir de la Tchiré et Jean Étienne Laokolé que vous connaissez mieux que moi. Je sais bien que vous pouvez le faire, bien que je sois au courant que beaucoup de ministres tchadiens doivent une obéissance aveugle au président de la République. Ce peuple pauvre, ce sont également ceux qui n’ont pas des moyens pour envoyer leurs enfants pour des études à l’étranger. Pourtant le gouvernement d’Idriss Dèby votre patron attribue des bourses partout à ceux qui n’ont pas du tout besoin de cela, puisqu’ils en ont assez d’argent à perdre dans des œuvres souvent stupides. En étant, de simples étudiants, ces fils et filles à « papa ministres, des généraux ou des DG confondus » ou « autres acolytes » du président de la République, mènent un train de vie hautement supérieur que celui de certains riches de leurs pays d’accueil. Dans quel pays avez-vous entendu qu’un seul étudiant devient propriétaire d’un grand appartement en France  en le procurant avec son argent de sa Bourse d’études ? Faites juste un tour au Maghreb (Tunisie, Maroc, Algérie) ou en Afrique de l’ouest ou en occident, vous verrez de vous-mêmes cette triste réalité. L'écart entre les étudiants tchadiens riches et les pauvres poursuivant leurs études à l’étranger loin de leur pays natal, est trop grand. Pourtant ils proviennent tous d’un même pays. Hassan Sylla Ben Bakari en tant que journaliste et membre de Rotary-club international, vous rendez-vous compte de tout ça. En tant que ministre de l’information et de la Communication du Tchad, quelles informations donnez-vous au président de la République ?Ce peuple pauvre, ce sont également ces étudiants qui suspendent leurs études par manque de moyens, tout en sachant que derrière eux d’autres pauvres comme eux qui se nourrissent d’espoir de les voir un jour revenir avec des diplômes dignes de leurs efforts. Pendant que les enfants des riches rentrent de leurs études à l’étranger sans ou avec des diplômes délivrés à la taille de leurs billets de banque en se mettant aussitôt au boulot grâce aux bras longs de leurs parents.

Ce peuple pauvre dont je parle, ce sont enfin les malades qui meurent à la maison sans avoir des moyens de se faire évacuer dans des centres de soins du Tchad. Ces malades et leurs parents qui dépensent tout ce qu’ils ont en espérant retrouver une santé meilleure dans un pays comme le Tchad où les riches ne savent pas que faire de leurs colossales richesses et le déséquilibre social tue plus que les maladies. Hassan Sylla Ben Bakari, lorsque l’on parle d’un caravanier ou des caravaniers, on fait souvent allusion à des personnes justes et correctes par rapport à leur comportement. Sois un bon caravanier de ton peuple en difficulté, aux démunis, aux opprimés, aux handicapés physiques et aux malades mentaux, de ces candidats au test de recrutement à l’Office National de Radiodiffusion et Télévision du Tchad (ONRTV) qui attendent les résultats. Car, cela à trop duré. Sois un bon caravanier pour tes trois confrères emprisonnés comme des chiens, en n'ayant plus la chance d’aboyer pour se faire entendre. Car, être un ministre ou un président d’une République doit n’être pas une fin en soi, mais juste une possibilité ou un moyen d’aider dignement les autres sans faire aucune différence. Et n’oubliez pas que les populations tchadiennes ne vous regardent pas comme un ministre, mais surtout et d’abord comme un journaliste. Le journaliste par définition est celui qui défend la vérité de l’information, la défense des libertés d’autrui et de ses biens, le protecteur de son peuple et surtout d’une vraie justice. Hassan Sylla Ben Bakari, qu’avez-vous de votre formation de journaliste ? Pourquoi bouchez-vous vos oreilles pour entendre les aboiements de toutes les populations opprimées du Tchad qui crient tous les jours comme des vrais chiens pour exiger de votre patron Idriss Dèby un changement meilleur ?

 

Ahmat Zéïdane Bichara, prix Lorenzo Natali 2006-Regards d’Africains de France

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