La journée du 27 décembre 2014 restera à jamais gravée dans la mémoire collective des africains de la diaspora – et même de ceux du continent - comme le grand déclic d’une immense et stridente revendication publique aux oreilles - non seulement de l’opinion publique française qui l’a vécue en temps réel – mais à l’attention aussi de l’opinion, plus élargie, internationale qui donne l’impression – mais est-ce le cas ? – de ne pas saisir à sa juste mesure la détresse et le calvaire des africains dans leurs pays respectifs face à ces dictateurs et autres potentats maintenus et vissés à la tête des états depuis 15, 20, 30 ou 40 ans, grâce justement aux soutiens divers et autres complicités des pays occidentaux. Des dictateurs nommés Idriss Deby Itno du Tchad, Paul Biya du Cameroun, Denis Sassou Nguesso du Congo, Laurent Désiré Kabila en RDC, Ali Bongo du Gabon, Faure Gnassingbé du Togo et ces autres tyrans de Djibouti, de Madagascar, de la Mauritanie etc … qui, à force de répressions multiples et surtout de viols systématiques des Constitutions s’accrochent au pouvoir avec la bénédiction des gouvernements occidentaux.
Le 27 décembre 2014 donc, le monde entier l’a suivi, c’est en plein Paris, au lendemain de la fête de la Nativité, et alors que les européens préparaient la St Sylvestre, une impressionnante foule de manifestants africains originaires des quatre coins de l’Afrique a pris d’assaut les rues de la capitale française pour hurler avec rage et détermination sa rageuse revendication au respect de la souveraineté des peuples africains quant à choisir leurs dirigeants dans le respect absolu des Constitutions nationales, et sans plus jamais la moindre intervention – directe ou induite – des puissances européennes.
Cette marche panafricaine a connu un retentissant succès, ses images et photos ont fait le tour du monde via les canaux ordinaires de communication, et bien entendu le Net et les réseaux sociaux (voir ci-dessous une vidéo).
Tout a commencé au niveau de la station de métro Château rouge dès 15 heures. L’impressionnant cortège a battu le pavé parisien, bravant le froid hivernal et la pluie, et secouant le public français - toute la journée pour tenir l’apothéose sur la Place de la République autour de 17 heures.
Ont animé cette marche historique, une pléthore d’associations et de militants de partis politiques, des résistants exilés, des membres de la société civile, des journalistes, des combattants et défenseurs des Droits de l’Homme, des journalistes, et autres personnalités du monde universitaire dont la présence et les voix ont donné un formidable contenu à cette marche qui a certainement causé des insomnies à tous ces dictateurs africains qui donnent l’impression de ne pas avoir compris la leçon que vient d’infliger le peuple Burkinabé à Blaise Compaoré qui ne comptait certainement que sur les pays occidentaux pour le soutenir dans son obstination à se maintenir au pouvoir après 27 ans d’un règne sanguinaire.
L’autre grande particularité de cette méga marche aura été la participation et l’implication active et très remarquée de plusieurs dizaines d’Africains venus des États Unis, de Russie, de certains pays Européens, d’Afrique et de pays lointains pour venir joindre leurs voix et leur énergie à celles des militants et combattants évoluant en Europe.
Le public parisien n’oubliera pas de sitôt ces manifestants portant les drapeaux des pays indexés – Tchad, Cameroun, Congo, RDC, Gabon, Centrafrique, Djibouti, Côte d’Ivoire, Togo, Mali, Madagascar, Bénin, Mauritanie, Sénégal, Niger,…etc – hurlant la revendication de leur souveraineté, et leur ras-le-bol contre le soutien de l’Europe pour les dictateurs, et encore moins ces banderoles et pancartes fortement expressives. La file des manifestants a même carrément pris des allures de carnaval avec certains manifestants juchés sur des camions sonorisés, certains de ceux-ci étant habillés de tenues militaires tapant sur des tambours, soufflant dans des trompettes ou des sifflets, et affirmant la pertinence de leur action par le biais de micros. Bref, cette manif a battu tous les recors de participation et a atteint tous ses objectifs.
La réussite a donc été totale, tant au niveau de l’organisation, de la coordination, de la participation sans précédent de manifestants en provenance des quatre coins du monde, et bien évidemment de la force du message qui est tombé aux oreilles de l’administration française, mais dans celles des différentes chancelleries occidentales installées dans la capitale française.
C’est donc tout légitimement que les organisateurs ont chaleureusement exprimé leur reconnaissance à l’endroit de tous les africains qui ont pu donner un contenu à cette manifestation par leurs présences respectives.
En tout cas, tout laisse croire que les organisateurs de cette grande offensive ne s’en tiendront pas qu’à ce premier succès. On assistera certainement à de nombreuses autres manifs du même calibre, très bientôt. Car l’Afrique n’a pas encore fini de se mobiliser pour sa Souveraineté. Loin s’en faut.
Par D.D | Ndjamena-matin
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