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Pétrole Contre... Dictature, le nouveau troc du continent africain

Publié par ndouné sur 6 Août 2008, 16:42pm

Catégories : #Politique

"Moi Bongo, je suis à prendre ou à laisser…". C’est ainsi qu’avait répondu le quadriennal dictateur gabonais, au journaliste Ulysse Gosset de la chaîne de télévision française France24, lors d’une interview donnée en février 2007, en marge du 24ème sommet de la françafrique qui célébrait les adieux de son « ami » Jacques Chirac.

Cette déclaration, stratégiquement balancée deux mois avant les primaires de l'élection présidentielle française, visait bien évidemment les deux candidats en liste, à savoir Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.

Le septuagénaire dictateur, au pouvoir depuis 1967, avait pour mission ce jour-là, sans doute dans ses attributions de doyen des autocrates africains, de jeter les bases d’une nouvelle ère, celle de l’après Chirac, qui allaient régir les nouvelles relations françafricaines, telles qu’élaborées ses pairs africains et lui tout au long de la campagne française, aux rythmes et aux craintes suscitées par les déclarations tonitruantes des deux candidats à l’Elysée.

Car après avoir été tour à tour perpétué par tous les dirigeants de la Ve République française (De Gaulle jusqu'à Chirac), le rôle de gouverneur blanc à la peau noire, qu’assumaient les principaux dictateurs africains depuis 1958, risquait, pour la première fois, d’être ébranlé, avec la menace que représentaient de part et d'autre Royal et Sarkozy.

Aussi, tout au long de la campagne française, et malgré les réceptions répétées chez le « frère » Chirac à l’Elysée – qui ne tarissait pas d’assurances quant au maintien de leurs postes respectifs durant les chaleureux embrassades au perron de l’Elysée - les préfets Noirs, en proie au doute et à l'incertitude, avaient-ils jugé bon d'élaborer un nouvel « appel d’offres », sur chacune de leurs « marchandises » africaines, à l’endroit des futurs jeunes locataires de l’Elysée.

Ces nouveaux accords, qui visaient bien-entendu le verrouillage de leurs différents régimes, ne devaient pas seulement, s'étaient-ils risqué, faire l’objet de la part des préfets, d’une charité à l’endroit du futur patron ! Ces nouveaux accords (comprenez pétrole, sous-sol, territoire, etc. à volonté), « à prendre ou à laisser », se voulaient mouchardement et semi-courageusement sonner aussi comme un « avertissement », à l’endroit des deux potentiels futurs dirigeants français. Cette épreuve de menace de l'esclave à l'endroit du maître, que ne pouvait oser qu'un doyen des dossiers maffieux françafricains tel Bongo, visaient surtout, comme pour Mitterrand en 1981, attirer l'attention des deux candidats quant aux conséquences irréversibles que subirait l'économie française, si un partenariat équitable et purifié « des relations complaisantes » tel qu’envisagés par eux, venait à voir le jour.

C’est en tout cas cette vérité cardinale, responsable à elle seule de la paupérisation multi décennale et sans précédent de tout un continent, et de la misère qui gangrène toutes les anciennes colonies françaises de l'Afrique Noire, qu'a voulu faire passer le chef des dictateurs africains à l'endroit de leur futur patron, visiblement selon lui, pas assez au fait des dessous inviolables et hautement lucratifs, dont le pays des Droits de l’Homme ne saurait résolument se passer.

Nicolas Sarkozy, depuis sa prise de fonction en mai de la même année, semble avoir retenu le message de ses préfets de colonies (de peuplement et d'exploitation), et, surtout, avoir pris le temps d'évaluer la menace que ledit message contenait réellement pour l'économie de ce pays dont il vient (enfin) de prendre conscience de la fragilité et de la dépendance économiques, et mieux, de l'énormité de ses « caisses vides » ! Et qui dit « caisses vides », dit « à tout prix les remplir », surtout quand on a à ses trousses la hausse du pouvoir d'achat de 65 millions de ses compatriotes, sans parler de la soif et de l'honneur de se voir réélire en 2012.

On est loin, très loin des déclarations de cette journée ensoleillée de Bamako, en mai 2006, où de nombreux africains, suspendus aux lèvres du colonisateur-libérateur, avaient tous cru entendre de la part d'un ancien ministre de la « métropole », que « la France n'avait pas besoin économiquement de l'Afrique » pour renflouer ses caisses vides ; au point que depuis 1958, ses successifs dirigeants n'ont cessé de pactiser avec tous ces dictateurs qui crèvent leurs populations ; ces « bougnouls » dont la France n'a que faire tant qu'elle tire son pétrole !

Toujours est-il que par sa politique africaine, ses nouveaux-nombreux amis dictateurs et ses compatriotes industriels véreux (Bolloré, Bouygues, Rougier, etc.), Sarkozy vient de confirmer qu'en Afrique noire, les dictateurs accrochés au pouvoir des principaux pays producteurs de l'or noir, bradent désormais les richesses de ces pays contre le soutien de la puissance militaire française, mise au service du maintien de leurs régimes, comme en témoignent ces faits d'actualité :

L'« Angolagate », la sulfureuse affaire de ventes d'armes de la France vers l'Angola (750 millions de dollars), dont le procès débute en septembre 2008, et dans laquelle sont poursuivis le fils de l'ancien président français Jean-Christophe Mitterrand, ainsi que plusieurs autres personnalités comme Charles Pasqua, Jean-Charles Marchiani, Pierre Falcone, Arcady Gaydamak ou Jacques Attali, dévoile l'implication directe de la France, dans le maintien au pouvoir du dictateur angolais Dos Santos, à la tête du deuxième plus gros producteur de l'or noir d'Afrique.

La « Sofemagate », où à la lumière des récents affrontements au Tchad l'on apprend qu'une filiale du groupe français Sofema, a modernisé et armé pour sa société-mère française et moyennant plusieurs dizaines de millions d'euros, des blindés destinés à Idriss Déby, le dictateur tchadien, grâce auxquels il a pu sauver son régime. Cette information serait anodine – vu le « faible » coût de la transaction – si l'on oubliait que le Tchad est depuis 2006 l'un des principaux pays de l'or noir africain. Un argument de taille qui a d'ailleurs « contraint » les militaires français à ouvrir le feu sur les dissidents tchadiens !

Vous avez dit « Pétrole contre Dictature ! » ! En n'oubliant pas d'ajouter pour la France : « au sang et à la chair de tous ces bougnouls africains ! » ; car c'est cela la Vérité Vraie.

Au vu des sondages, dans lesquels le président français fait pâle figure, il semble qu’ils sont de plus en plus nombreux maintenant, ceux de ses compatriotes qui chaque jour s’étonnent, s’interrogent et s’offusquent du comportement de non-rupture et sans relief de ce nouvel « homme d’affaires » de l’Elysée.

Ils sont de plus en plus nombreux à avoir du mal à justifier les relations et les amitiés obscures que cet homme - naguère menaçant vis-à-vis des régimes dits « d’une autre époque » - entretient aujourd’hui avec les pires dictatures du « plus pauvre » continent de la planète.

Plus nombreux à ne pas comprendre et justifier ces subites largesses dont bénéficie le nouveau président français de la plupart des grands industriels français dont les sociétés font de juteux bénéfices dans ces pays africains qui sont (comme par hasard) dirigés par nombre de ces nouveaux « amis » dictateurs africains.

Plus nombreux encore ceux-là, qui pressentent de plus en plus un réel danger du devenir de la Fonction présidentielle de ce grand pays, qui, sous la conduite éclairée des éminences telles Napoléon, Clémenceau et d’illustres autres noms, s’est donné tant de mal à construite sa puissance et imprégner sa spécificité dans le monde entier.

Sarkozy ne serait-il pas en train de ruiner, en moins d’un mandat, ce que ses illustres prédécesseurs se sont donnés tant de mal à bâtir au travers des siècles ?

En tout cas telle est la question, tacite, que se pose la majorité des français aujourd’hui, et que les récents sondages réalisés viennent justement confirmer

Ce peuple est en train peu à peu de comprendre que cet homme, qu'ils ont élu ce soir de mai 2007 à 52%, est en train, bien plus que ces prédécesseurs de la Ve République, de faire déconsidérer la France. Car le peuple français a certes connu les emplois fictifs de la Mairie de Paris ou encore l'enfant cachée de Mitterrand, mais il n'a jamais eu à faire à un président qui vole en jet privé, dors dans les hôtels de luxe et promet de payer toutes leurs retraites avec l'argent ensanglanté des maffieux et mirobolants contrats signés par leurs sociétés dans les pays dictatoriaux africains, au sang et à la chair du peuple africain.

 

©  Sylvain Ndong

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Source : RDPG

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