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Du Ritalin pour Sarkozy

Publié par ndouné sur 27 Septembre 2008, 17:33pm

Catégories : #International

La Haye -- L'Europe observe, incrédule, le président français. On le fait en termes polis. Voilà un autre genre de politique et d'approche de la politique et de la personnalisation de la politique. En Europe, on est habitué aux grands hommes: Churchill, de Gaulle, Adenauer, Willy Brandt. Mais ces gens poursuivaient une mission claire, limpide. Ils tenaient un langage consistant, ne s'égaraient pas. Ils poursuivaient un but. Devant Sarkozy qui affiche sa jolie femme autant que ses errances intellectuelles, on reste bouche bée. Et on commence à se demander si cet homme n'est pas un peu irresponsable ou du moins hyperactif.

Voilà pourquoi un diplomate m'a dit à la blague qu'on devrait peut-être lui prescrire du Ritalin, à défaut de l'enfermer en France. Car le président français emmerde tout le monde. On dirait un électron libre qui veut percer toutes les murailles, un franc-tireur qui peut résoudre l'ensemble des problèmes de la planète, réconcilier les antagonismes les plus anciens. Rien n'est à son épreuve. Tous les pays du monde ont besoin de lui. En début de mandat, il a visité l'Afrique et expliqué aux Africains qu'ils n'étaient pas encore entrés dans l'histoire, ce qui expliquait leur retard et leurs difficultés et, benoîtement, comme le pape du même nom, il a promis de les aider à entrer dans l'histoire. Il a envoyé son ex, Cécilia, négocier en Libye la libération d'infirmières bulgares. En retour, le très démocratique guide de la Révolution verte a été reçu en grande pompe à l'Élysée. Il a soupesé à haute voix la possibilité de boycotter les jeux de Beijing, puis est allé faire son apparition tranquille dans le pays qui met de la mélamine dans le lait des enfants.

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Président de l'Union européenne, il se voit chargé de calmer la donne dans la crise entre la Géorgie et la Russie. Il proclame la fermeté, puis se perd en excuses pour expliquer que les Russes interprètent différemment les termes du cessez-le-feu. Avant, tel un président américain, il avait décidé de résoudre la question palestinienne et, avec son bouffon de la cour, Bernard Kouchner, s'était rendu en Syrie, l'État de tous les rejets. La France se fera le passeur de la paix dans cette région. Or, tout le monde se fout de la France. Mais le Speedy Gonzalez français pavoise.

De quel problème ne s'est-il pas occupé encore? Il a fait la Chine, la Libye, l'Afrique, dit quelques mots sur la Birmanie, rien sur les USA, il a ouvert des canaux secrets entre la Syrie et Israël. De quelle crise cet homme qui ne fait rien d'autre que tourner en rond en se regardant dans un miroir qui le suit pourrait-il maintenant trouver la solution? Le Darfour! Euréka!

Son analyse est simple. La crise du Darfour met en danger la stabilité de ses petits amis africains que sont le Niger et le Tchad. Les Africains, depuis son premier discours sur leur absence historique, réclament un signe de l'ancienne puissance coloniale. Les Africains, mais aussi les Chinois qui l'attirent, s'opposent absolument à la mise en accusation pour génocide du président El-Béchir par la Cour pénale internationale, comme le Canada, d'ailleurs. Voilà donc notre hyperactif qui se rend à New York pour l'Assemblée générale des Nations unies et qui sort de sa poche de polichinelle une proposition presque chinoise. La recherche de la paix est fondamentale. La mise en accusation du président soudanais met en péril le processus de paix. Il faut donc que le Conseil de sécurité, comme le statut qui régit la Cour pénale internationale le permet, suspende les procédures contre le criminel président soudanais.

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L'hyperactif se fout complètement des 200 000 morts, des deux millions de déplacés. Il nous raconte qu'on peut faire confiance à ce gouvernement qui n'a jamais respecté aucun de ses engagements et, surtout, il prend le risque de mettre en doute l'utilité même de la justice pénale internationale.

Pour dire qu'il est là, lui, le président d'une nouvelle France, il est prêt à brader sa femme, à supporter une visite humiliante du leader libyen à Paris, à s'agenouiller devant les Chinois, à faire la cour à la Syrie, à se taire sur la Birmanie. Mais revenons au Soudan. Le discours est tellement double qu'il fait honte. Le président français admet implicitement que les crimes reprochés au régime soudanais sont fondés puisqu'il réclame en même temps que le gouvernement de Khartoum livre à la Cour pénale internationale deux personnes, dont un ministre, qui font l'objet de mandats d'arrestation. Comme si ce ministre et ce chef de milice avaient pu agir sans l'approbation de El-Béchir.

Ce que Sarkozy dit en fait, partout où il va, sur tous les dossiers dont il se préoccupe, c'est que le monde est une boutique de village, une brocante. On négocie, on vend des produits avariés, on fait du troc et au bout du compte, sachant que tout le monde a menti, on prend un verre au café entre petits brigands. Je le regardais hier à l'Assemblée générale des Nations unies, donnant des leçons de moralité sur les règles du capitalisme, déplorant le laxisme financier. C'était le même homme qui n'a jamais cessé durant sa carrière politique de dire qu'il fallait lever les barrières qui empêchaient le privé de créer de la richesse et des emplois.

Je vous en prie, mes amis francais, donnez-lui du Ritalin ou enfermez-le. Cet homme est dangereux.

Source: Le DEVOIR.com

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