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Crise financière: Quelles conséquences et quelles perspectives pour l’Afrique !

Publié par ndouné sur 5 Octobre 2008, 23:52pm

Catégories : #Economie

 
Un gros problème! Image

«C'est le temps de travailler ensemble, démocrates comme républicains. Le plan proposé au Congrès par l'administration Bush est défaillant, mais les efforts pour protéger l'économie américaine, eux, ne doivent pas faillir.» Substance du communiqué commun OBAMA – Mc Cain. Hélas ! Contre toute attente, les représentants américains ont voté par 228 voix contre 205 contre le plan du secrétaire au Trésor Henry Paulson qui prévoyait de débloquer 700 milliards de dollars afin d'éponger les créances douteuses accumulées par les banques dans l'immobilier.

La crise, les faillites

La crise financière qui  ébranle les fondamentaux du système capitaliste s’est déclenchée depuis, un peu, plus d'un an, après la débâcle des crédits immobiliers à risque aux Etats-Unis ("subprime"). La faillite déclarée des banques d'affaires Lehman Brothers, Merrill Lynch, AIG et Washington Mutual, n’a fait , en réalité, qu’entraîné l'écroulement du secteur bancaire américain. Et fortement ébranlé le secteur bancaire et financier européen. Les présidents américains et français ainsi que tout le milieu capitaliste et politique rivalisent d’imagination pour limiter les dégâts. Mais, les efforts des uns et des autres sont encore insuffisant pour régler le problème posé. Pourtant, il y a bien une symétrie entre cette crise financière - déclenchée par les subprime - qui n’étaient qu’un moyen, du point de vue des prêteurs immobiliers, de contourner l’insuffisance du pouvoir d’achat des Américains - et, de l’autre côté, la crise sociale qu’elle propulse. Conséquences des politiques hasardeuses ou de l’expression du laisser-faire laisser-aller, chère au dogme capitaliste ? En réalité le modèle économique et financier de croissance mis en place il y a un peu plus de vingt ans, à partir des États-Unis, et qui était censé apporter, avec la fin de l’histoire, un développement continu peine à s’auto-réguler. Cependant, il ne peut se nourrir que de bulle, il finira par s’exploser. Le crédit ne doit pas être monopolisé pour juste valoriser les actifs, il faut qu’il contribue aussi à financer le développement économique et social. D’aucuns pensent qu’on n’a pas encore découvert tout les dégâts causés par la crise et se demandent comment on en est arrivé là. Tandis que d’autres sont d’avis que le temps n’est pas encore à la recherche des coupables. Mais quels autres coupables recherchés encore ?

Nous avons un gros problème

L’indicateur pertinent « pour mesurer la performance d’une politique d’investissement privilégiant le long terme est la performance annualisée. » E t cela George W Bush a failli l’oublier, mais les réalités brutales d’un système ayant échappé à tout contrôle les lui ont sévèrement rappelé. « Nous avons un gros problème », ″si l’argent n’est pas lâché tout est foutu″… dixit W. Bush. L’ argent ? Entendez 700 milliards de dollars US prévu par le plan Paulson. Encore 700 milliards, car il n’y a pas si longtemps l'Etat américain a injecté - au prix d'un accroissement futur du déficit budgétaire - de l'argent dans le circuit financier pour sauver en les nationalisant Fannie Mae et Freddie Mac(deux sociétés spécialisées dans le rachat de crédits immobiliers et la titrisation qui ont engloutis dans la crise des subprimes plus de 5300 milliards de dollars). G. W. Bush a vraiment créé un gros problème pour s’être montré complice avec la banque centrale américaine (FED) et son président Ben Bernanke – en baissant les taux directeurs de celle-ci - rendant le crédit moins cher juste pour créer une bulle de l’immobilier... Toutes politiques nationales et internationales menées avec gigantisme, sans grandes inspirations et dans une vision de conflits, de guerre, de domination sans fin et d’artifices sur le système économique, monétaire, industriel, politique et institutionnel coalisé, globalisé et planétaire ne peuvent que créer des problèmes insolubles.

Quelles réformes comme remède ?

Après chaque crise, il y a eu un mouvement de régulation. La réglementation n’est pas inutile, mais elle ne peut marcher que si elle se combine avec des réponses aux questions du développement de l’économie réelle, des activités productives de biens et de services. D’où l’enjeu d’une régulation qui intègre ces préoccupations. Doit-on, par exemple, continuer à prêter de l’argent au même taux lorsqu’il est destiné à une opération purement financière et lorsqu’il est destiné à investir dans le développement de la production énergétique, de la construction automobile plus respectueuse de l’environnement, de la formation professionnelle, ou de l’emploi ? La sélectivité du crédit serait le moyen de réarticuler réglementation et développement de l’économie réelle. C’est sans doute ce qu’attendent les parlementaires américains qui doutent fortement de l’efficacité du plan de sauvetage Paulson. Et qui ne veulent pas quitter leurs propres réalités des yeux : dans deux mois ils solliciterons à nouveau le suffrage des électeurs, et il n’est pas question d’endosser les échecs de W. Bush en lui signant un chèque en blanc, quand on sait la douleur des citoyens américains qui ont perdu leur maison dans la crise des subprime. Le président en exercice de l’Ue Nicolas Sarkozy ainsi que les Chefs d’Etats et de gouvernements de certains Etats membres de l’Ue s’activent et les plans de sauvetage se concoctent et vont se suivre. Ceci dit, en attendant les mesures et réformes nécessaires, on préfère tout de suite, mettre la main à la poche en nationalisant, en renationalisant, ou en garantissant les crédits nécessaire pour éviter la faillite aux groupes. L’Allemagne, la Hollande, la Belgique, le Luxembourg, la Grande Bretagne et la France ont déjà injecté des fonds. La BCE a également décidée d’injecter 120 milliards d’euros dans les marchés, dans le cadre d'une opération de refinancement spéciale d'une maturité de 38 jours. Il s'agit de prêts sur lesquelles la BCE prend un intérêt. On estime par ailleurs, en Europe, a plus de 200 le nombre de banques qui ont demandée des liquidités pour un montant total de près de 142 milliards d'euros. Le taux marginal s'est élevé à 4,36% et le taux moyen à 4,88%. Le principal taux directeur de la zone euro est à 4,25%. Mais la principale réforme viendra de la réorganisation des statuts et des contrats des génies qui dirigent les infaillibles institutions financières qui plongent les États capitalistes dans la tourmente «grâce» à leur clairvoyants placements et qui s'en  mettent plein les poches, même quand l'orage gronde au-dessus du marché. Les rémunérations, les stock-option et les golden parachutes – qui dépasse tout entendement - doivent être réglementés et proportionnés au mandat des dirigeants, aux résultats et à la santé financière des groupe…..

Quelles conséquences et quelles perspectives pour l’Afrique !

Ne nous leurrons pas ! De grands coups de sabre dans les dépenses sociales et les aides publiques au développement et aux projets d’appui des ONG sont attendus. Et ceci ne sera pas de nature à édulcorer les difficultés de certaines populations américaines et européennes.
Et du côté africain, même si nos bourses des valeurs ont mieux résistées, nul doute que les conséquences néfastes de cette crise vont frapper par ricochet, certains symboles phares du capitalisme continental, dans les prochaines semaines. Les populations laissées pour compte depuis des lustres et fortement plongées dans les crises alimentaires et énergétiques qui sévissent sur le continent, voient renforcer leurs angoisses d’un quotidien incertain. L’Afrique expérimente quotidiennement les effets néfastes de la duplicité – héréditaire - des dirigeants du monde libéral avec les grands groupes industriels, financiers et pétroliers - qui ont mis en coupe réglée les économies africaines. Mais les africains peuvent comprendre la douleur des populations américaines qui ont tout perdu en l’espace d’un an ; eux qui portent aussi leur croix, compatissent à l’angoisse des populations américaines.
Mais l’angoisse, la grande angoisse reste pour les africains dont les espoirs d’atténuer les effets, grâce aux aides publiques au développement et les promesses de financement de projet, des crises alimentaires et énergétiques, risquent de s’envoler avec la débâcle financière et monétaire du modèle capitaliste. L’Afrique craint de payer le prix fort de cette débâcle spéculative et boursière à corriger. D’autant plus que d’aucuns - depuis le vibrant plaidoyer d’une aide accrue au développement des pays pauvres lors du sommet du G8 - n’ont daigné de façon conséquente mettre la main à la poche pour secourir efficacement le continent africain dans le drame qu’il vit quotidiennement. Nul doute qu’avec la fastueuse ingéniosité qu’on respecte au système capitaliste les 700 milliards de dollar US annoncés - pour la seule économie américaine – finiront par sortir du chapeau de l’oncle Sam ou ″oncle picsou″, d’où ils dorment tranquillement, pendant que le dollar s’effondrait et les pauvres travailleurs américains se faisaient expulser de chez eux.
 Entre-nous africains, il est grand temps qu’on se le rappelle, ″les promesses n’engagent que ceux qui les retiennent″, n’est-ce pas ? L’aide publique au développement, le Millenium Challenge Account et autres bonnes intentions promises risquent de s’amenuiser pour un temps ou attendre longtemps. Et les crédits qui traînent – MCA… - à être consommé pourraient prendre aussi une autre direction si on ne se dépêche de réaliser leur but. Car la débâcle des marchés financiers a mis à mal tous les fondamentaux du système érigé. Ce système d’inhumanité, d’iniquité, d’inégalité et de déstructuration interne ne peut perdurer éternellement, tant il a besoin d’une bonne dose de morale, de conscience et de règles. Les  pauvres, les exclus, les sans-abri se comptent par dizaine de millions en occident depuis quelques temps. Et par conséquent, les pays africains ne peuvent pas forcer les pays riches à davantage de solidarité envers eux. La récession qui pointe aux USA et en Europe – et qui appellera forcement à une politique de rigueur - risque de durer quelques années - ce qui va ralentir la propension de générosité des pays riches -. Alors, n’est-il pas plus simple et plus équitable, ″ à l’heure où chacun voit midi à sa porte″, d’exiger d’eux de libérer et de rendre plus représentative et  plus équitable les institutions et organisations de la gouvernance mondiale, dans un premier temps ? Car le Conseil de sécurité des Nations Unies, l’OMC, la Banque Mondiale, le FMI, la CPI et autres sont autant d’instruments – qui renforcent notre malaise - dont les mécanismes de fonctionnement doivent être revu et corrigé pour plus de cohésion et de concorde entre les nations. Et, n’est-ce pas, le meilleur moment pour les pays riches de montrer leur bonne foi et leur bonne volonté à payer à leur juste prix les ressources minières, agricoles et autres matières premières des pays africains et pays pauvres du monde entier, d’autre part ? A nous, de leur faire savoir et faire accepter, sans complexe, cette impérieuse nécessité. Ce faisant, c’est en ressortissant africain  fier, que j’ai entendu, la semaine dernière sur les antennes de RFI, le président béninois le Dr YAYI Boni (aux détours de quelques questions), évoquer le sujet de ″revoir la gouvernance mondiale″, telle quelle est conçue et conduire actuellement. Et j’espère que d’autres voix éminentes s’élèveront, après la sienne, pour une concertation africaine, internationale voire mondiale sur ce sujet crucial de notre existence et notre indépendance collective.

Guillaume ADOUVI – DP Sika info.

Source: La Nouvelle Tribune
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