Niger/Troisième mandat présidentiel: Tandja briguera ou ne briguera pas?

Tandja briguera ou ne briguera pas?

L’éventualité d’un troisième mandat du président actuel de la République du Niger constitue une équation qui hante le cœur de la plupart des citoyens nigériens. Tous attendent d’en avoir le cœur net à partir des discours officiels que devrait prononcer le colonel à la retraite Mamadou Tandja dans la cadre de la commémoration ce jour du cinquantenaire de la proclamation de la République cumulée avec celle du 48ième anniversaire de l’accession de leur pays à la souveraineté internationale.

Dans un article publié hier mercredi par  son  correspondant  sur place à Niamey, www.apanews.net annonce que « Les Nigériens attendent avec beaucoup d’intérêt le message à la nation qu’adressera mercredi soir le Président Mamadou Tandja, à la veille du cinquantenaire de la République, mais surtout au seuil de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, alors même que les soutiens se multiplient en faveur d’un troisième mandat ou une prolongation pour le Chef de l’État ». Cette grande attention du peuple nigérien est liée selon les témoignages est inédite et se focalise sur une seule question. Le président Mamadou Tandja, cherchera-t-il à briguer un troisième mandat après le deuxième, le dernier constitutionnellement possible dont il est presque arrivé à terme ?  Ainsi, « Nous pensons que le président (Tandja) va couper court aux discours qui font état d’un probable troisième mandat, ce qui serait une grande sagesse » a indiqué, Illa Assoumane, un citoyen à Niamey qu’a rencontré mercredi le correspondant de www.apanews.net. En effet, depuis un peu plus d’un an maintenant et particulièrement depuis l’interpellation en juin 2008 de l’ancien premier ministre, Hama Amadou, jusqu’ici gardé à la maison d’arrêt de Koutoukalé, beaucoup de citoyens nigériens et d’observateurs avaient commencé à soupçonner le président de la République de vouloir se maintenir au pouvoir en dépit de la limitation du nombre de mandats à deux par la Constitution. Ces intentions prêtées à tort ou à raison au colonel à la retraite et élu successivement deux fois à la tête du Niger, ont semblé se confirmer par les initiatives dénommées « Tazartché », une expression en langue nationale «Haussa » qui signifie « continuation ou prolongement ». Ce mot d’ordre lancé par les gouverneurs des régions et vite répandues sur toute l’étendue du territoire nigérien, consiste en l’organisation presque au quotidien de marches, sit-in et autres manifestations de foule en soutien aux actions du président de la République. Pendant ces manifestations régulièrement relayées par les chaînes de radio et de télévision nationales nigériennes, les discours et motions sont souvent consacrés à l’éloge du président Mamadou Tandja pour ses sollicitudes présumées à l’endroit des populations notamment à travers à ce que les manifestants aiment appeler « Programme spécial du chef de l’Etat ». Ce programme est fait entre autres d’octroi de micro crédits aux femmes, de construction d’infrastructures socio communautaires et d’appui au secteur agricole.

Des résistances malgré le « Tazartché » !

En dépit de l’expansion des comités de soutien créés dans chacune des huit (08) régions du Niger pour dit-on, rapporte www.apanews.net,  « aider l’actuel président de la République  à consolider ses «œuvres de développement» à la tête du pays », il existe des réalités et des organisations qui tiennent lieu de résistance. Il s’agit d’abord de la Constitution nigérienne qui, nous apprend un spécialiste des constitutions africaines, « exclut du processus de sa révision, toute possibilité de toucher aux verrous du mandat présidentiel ». Ensuite, la Société civile, les partis politiques se réclamant de l’opposition et même de simples citoyens s’organisent pour empêcher le Niger d’être contaminé par la « fièvre révisionniste qui s’est beaucoup répandu cette année en Afrique ». Cette mobilisation contre un éventuel troisième mandat du président Tandja s’est même répandue sur Internet. Et pour cause ! « Sur 2472 participants ayant voté entre le 3 novembre 2008 et le 13 décembre 2008 pour répondre à la question «que pensez-vous du 3ème mandat du président Tandja », plus de 74% des internautes ont voté « contre », 22,3 % ont voté « pour » et quelque 2 % était sans avis, selon les résultats de ce sondage en cours sur le site Niger Diaspora (www.nigerdiaspora.com) » consulté par Ouestafnews et qui l’a annoncé ce mercredi sur son site sous le titre « Troisième mandat pour Tandja : les trois quarts des internautes nigériens sont «contre».

Ludovic D. Guédénon
Source La nouvelle Tribune