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Tchad : La semaine de la presse locale (du 12 au 18 janvier 2009)

Publié par Ndouné sur 20 Janvier 2009, 16:22pm

Catégories : #Lu pour vous

La crise du charbon de bois et du bois de chauffe est si aiguë qu’elle a occupé la une de toutes les publications de la place. Et le gaz qui est censé substituer cette source d’énergie demeure obstinément inaccessible à tout le monde.

« Charbon de bois et gaz : une équation à deux inconnues », titre Notre Temps. « Le journal des sans voix » présente à sa une la photo d’un minibus, transportant du charbon de bois, calciné et dont on remarque encore les cendres sur et autour de la carcasse du véhicule. Alors que le charbon de bois constitue la seule source d’énergie pour plus de 90% des ménages à N’Djaména, fait remarquer notre confrère, le gouvernement a pris des mesures contre l’utilisation de ce produit sous prétexte de lutter contre la désertification. Pourtant, le gaz qui devrait le substituer, ne se trouve pas sur le marché. Du coup, « dans les bus, les débits de boissons, au marché ou à n’importe quel point de rassemblement, une seule préoccupation revient : « qu’allons-nous faire pour préparer à manger ? » rapporte notre confrère. Faisant échos des communiqués diffusés par certaines associations de la société civile qui se félicitent du souci de préservation de l’environnement manifesté par le gouvernement, notre confrère relève dans ces mêmes documents que ces associations considèrent que « la décision a été prise d’une manière hâtive sans mesure d’accompagnement et de garanties suffisantes pour la population ».

Considérant, dans son éditorial, « la question brûlante de l’énergie » et l’inflation généralisée des produits de première nécessité, Notre Temps fait la démonstration suivante : « Nul, même les mieux payés comme les médecins, n’est à l’abri de la vague inflationniste générale. Avec le sac de maïs à 25 000 Fcfa, celui du riz de 50 kg à 30 000 Fcfa, le litre d’huile d’arachide à 1 500 Fcfa, le tas de « garga » pour deux plats à 2 000 Fcfa, que peuvent des bourses de 200 voire 400 000 Fcfa pour des familles généralement pléthoriques ? Et le reste : le loyer, le carburant, les médicaments, les soins hospitaliers, les frais scolaires… Ce n’est plus un casse-tête. C’est un drame », tranche notre confrère.

Sous le titre presque banal à sa une : « Le charbon, une denrée rare », l’hebdomadaire Le Temps s’interroge dans son éditorial : « Un pouvoir qui tue son peuple ? ». S’appuyant sur « le mandat social » prôné par les gouvernants et les différentes décisions prises par la suite, notre confrère considère que « la lucidité a manqué et le mandat social est devenu un mandat asocial. En fait, il manque de mot pour qualifier cette turbulente situation dans laquelle est plongé le pays depuis ces derniers temps. L’année 2009, comme la précédente placée sous le mandat social, a très, très mal démarré pour les Tchadiens en général et les habitants de la capitale en particulier qui n’ont que leurs yeux pour pleurer leur sort. Privés désormais de nourriture, croulant sous le poids de la cherté de la vie, ceux-ci attendent de mourir de leur mort ». Il décrit que « la pénurie du charbon de bois s’installe dans la capitale où la population, par endroits, a presque cessé de manger faute d’énergie pour cuisiner. Par réflexe de survie, certains N’Djaménois enjambent le Chari pour se procurer ces sources d’énergie interdites, à Kousseri. Là aussi, à leur retour, ils se trouvent nez à nez soit avec des agents des services de la douane, soit avec ceux des Eaux et forêts qui n’hésitent pas à les rançonner ou à saisir leur charge de charbon de bois ou de bois de chauffe ». Ainsi, « la flambée du prix du sac de charbon de bois bat tous les records. De 15 000 Fcfa, il passe à 20 000, voire 25 000 Fcfa. Là aussi, il est presque impossible d’en trouver pour acheter ».

S’agissant de pleurs, notre confrère souligne que « la crise du charbon de bois et du bois de chauffe est si aiguë qu’on a remarqué des imams se fondre en larmes dans leur sermon de la prière de ce vendredi 9 janvier dans différentes mosquées de la capitale tchadienne. De leur côté, nombreux sont les fidèles qui étaient au bord des larmes, d’autres avaient des larmes dans la voix et d’autres encore des larmes aux yeux ». C’est pourquoi, prévient notre confrère, « aujourd’hui, l’on peut affirmer sans se tromper que le pays connaît une crise sociale qui, si elle n’est pas vite réglée, ouvrira la porte à plusieurs autres crises qui pourraient sonner le glas de l’existence même du pouvoir en place. Et la tranquillité précaire dans laquelle se complaisent déjà depuis quelques années les Tchadiens cédera alors à la crise à la zimbabwéenne, et bonjour les dégâts ».

Pour L’Observateur, il s’agit d’un « embargo total sur le charbon ». L’hebdomadaire indépendant paraissant tous les mercredis relève que « N’Djaména, avec le blocus du charbon, ressemble à s’y méprendre à quelques exceptions près, à une ville assiégée. Pris dans un étau, coupés de tout ravitaillement en charbon de bois et bois de chauffe », les N’Djaménois vivent un sort « peu enviable » comme celui des « Gazaouis assiégés qui manquent de tout ». C’est dans ce contexte que L’Observateur parle des « victimes de la traque au charbon ». Ainsi, raconte-t-il, « un jeune homme du quartier Moursal s’est vu arracher son sac de charbon à Atrone, puis battu et dépouillé de ses 10 000 Fcfa par des hommes armés et en tenue se passant pour des agents contrôleurs des Eaux et Forêts. Un député en a également fait les frais. A l’entrée de la ville, des agents contrôleurs lui ont arraché son sac de charbon ». Les conséquences s’étendent à d’autres secteurs, fait remarquer notre confrère. « Dans les coins de restauration, auberges, cafétéria, grillades de viandes ou de poissons, etc., les citoyens ne sont plus servis comme auparavant » avant d’ajouter que le verre de thé est passé de 25 Fcfa à 100 Fcfa. Notre confrère termine le tableau en donnant la parole à certains N’Djaménois qui, tous, condamnent la situation qui ressemble plus à une tragédie qu’à une simple crise.

« Catastrophe nationale » est le titre, à la une, choisi par le bi-hebdomadaire N’Djaména bi-hebdo. Sur la caricature qui l’accompagne, l’on peut voire une famille : au premier plan, Madame, une main sous le menton, avec derrière elle deux gamins, est assise devant un « ganoun » vide, et à côté une marmite également vide alors qu’un plateau rempli d’aliments à cuire se trouve tout près. Au second plan, l’on aperçoit un jeune homme armé d’une hache, s’acharner sur un lit en bois. Sort, derrière, Monsieur, un sac à la main, qui s’écrie : « Mon Dieu ! Mais c’est mon lit ! ». Le jeune lui répond, tout bonnement : « Bien sûr papa ! Mais il n’y a pas de charbon et maman doit préparer le déjeuner ».

Dans son éditorial, le bi-hebdomadaire considère les Tchadiens simplement comme « des moutons de Panurge ». Il explique que « les cris de détresse montent de partout, mais les dirigeants en ont cure. Pour aussi légitime que puisse être le souci de protéger la nature, nous pensons que le pouvoir aurait dû faire preuve de plus d’imagination et de responsabilité dans cette affaire. Chacun de nous se souvient qu’en cas de catastrophe, le gouvernement est venu au secours des populations sinistrées. Le cas qui nous concerne est assimilable à une catastrophe ». C’est pourquoi, conclut-il, « il faut donc définitivement tirer la conclusion que ce pouvoir est convaincu que les Tchadiens sont des moutons à qui l’on peut imposer tout ce qu’on veut. Plus c’est gros et plus aisément ça passe ».


Par Hinyandiguim Malo Nestor,
Source: CEFOD
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