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Oléoduc Tchad-Cameroun: un "projet modèle" défaillant

Publié par Ndouné sur 25 Juillet 2009, 17:53pm

Catégories : #Environnement

YAOUNDÉ - Le "projet modèle" de l'oléoduc Tchad-Cameroun mis en place par la Banque mondiale (BM) dans l'espoir de réduire la pauvreté dans ces pays a été défaillant, estime le rapport final du Groupe international consultatif (GIC), un organe indépendant.


Créé en en 2001 par la BM, le GIC avait pour mission de contrôler de manière indépendante les avancées environnementales et sociales de l'oléduc, construit pour relier les champs pétrolifères de Doba, dans le sud-ouest tchadien, au terminal maritime camerounais de Kribi (sud-ouest) à 1.050 kilomètres.

L'enjeu était de taille pour l'institution financière qui a prêté ou cautionné une partie des 3,5 milliards de dollars du prix de cet ouvrage exploité par un consortium pétrolier (ExxonMobil, Chevron et Petronas).

Plusieurs ONG avaient alors averti qu'il ne profiterait pas aux populations en raison de l'instabilité politique du Tchad. Assurant qu'il allait réduire la pauvreté, la BM avait, après de fortes réticences, fait de l'oléoduc son "projet modèle" et mis en place plusieurs mécanismes de contrôle pour le baliser.

Mais les mesures prises n'ont pas fonctionné correctement, constate le rapport du GIC, dont la mission vient de s'achever.

A cause de données de base insuffisantes, il est impossible aujourd'hui, selon le rapport, d'évaluer l'impact des installations pétrolières sur la pêche à Kribi.

Contrairement à ce qui était prévu, ni le Tchad ni le Cameroun ne se sont dotés de nouvelles réglementations environnementales. Faute de formation, le suivi environnemental et social du projet par le gouvernement tchadien a été faible.

Quant aux compensations versées aux populations touchées par la construction de l'oléoduc, elles ont donné lieu à de "nombreux litiges", selon le rapport.

Au Tchad, qui a gagné en cinq ans plus de 3 milliards d'euros grâce au pétrole, le programme "de renforcement des capacités" n'a pas été efficace dans le domaine de la gestion budgétaire et financière.

Reconnaissant à moitié son échec, la Banque s'est d'ailleurs retirée fin 2008 du projet au Tchad après la violation par N'Djamena des accords prévoyant de réserver une partie des revenus pétroliers à un fonds destiné "aux générations futures".

Dans un communiqué publié vendredi à Yaoundé, des ONG estiment que les communautés riveraines du pipeline "ont été sacrifiées deux fois".

"Une fois en supportant les impacts sociaux et environnementaux locaux du projet, et une seconde fois par le peu de considération accordée au monde rural dans les priorités de développement impulsées à partir des revenus pétroliers", selon les termes du communiqué.

Ce texte est signé par Environmental Defense (Etats-Unis), Public Interest Law Firm (Tchad), le Réseau de lutte contre la faim et le Centre pour l'environnement et le développement (Cameroun).

Malgré des "investissements pharaoniques peu productifs" et une attention "trop faible" portée aux ruraux, les dépenses tirées des revenus pétroliers dans les secteurs de l'éducation ou de la santé sont "en progrès et porteuses d'espoir", estime cependant le GIC, avouant ne pas comprendre le retrait de la Banque "alors qu'il reste encore beaucoup à faire".

A l'avenir, souligne le GIC, les bailleurs de fonds devront "s'assurer au préalable de la volonté politique" des Etats bénéficiaires de projets similaires à celui de l'oléoduc Tchad-Cameroun "d'instaurer un niveau adéquat de bonne gouvernance dans la gestion financière et un budget certifié sincère et crédible".


Source: Romandie.com
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