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Le Ghana exorcise la malédiction du pétrole

Publié par Ndouné sur 19 Août 2009, 05:23am

Catégories : #Economie

La «Côte de l’or» n’a guère bénéficié de sa première richesse. En passe de devenir grand producteur, il se mobilise pour éviter la malédiction du pétrole.

 

Ailleurs, c’est la fièvre, ici, dans ce pays dont Barack Obama a salué la bonne santé politique, tout semble devoir être exceptionnel. Mais après avoir gagné la bataille de la démocratie, le Ghana peut encore tout perdre dans un défi économique qu’en Afrique, à l’exception notable du Botswana, peu de pays peuvent se vanter d’avoir relevé avec succès.

 La Norvège a créé le Fonds pétrolier de l’Etat qui convertit les revenus du pétrole en actions et obligations pour les confier à des gestionnaires externes pour les investir.

La Côte de l’or, est en passe de devenir la Côte de l’or noir. D’importants gisements de pétrole y sont de plus en plus découverts. Le 6 juillet dernier, le gouvernement du Ghana a annoncé la découverte de nouvelles réserves de pétrole et de gaz dans la partie occidentale du pays. Selon la société nationale du pétrole (GNPC), la production pourrait rapporter au pays près de trois millions de dollars par jour, soit environ 1,6 milliard de dollars par an. Déjà, le gouvernement perçoit les premiers dividendes. Le 1er avril, Tullow Oil, a déclaré avoir versé 2,3 millions de dollars de taxes fiscales.

Le Ghana est donc en passe d’intégrer le cercle des grands producteurs de pétrole d’Afrique. Mais la spéculation est déjà là. A Takoradi, la ville portuaire de 400 000 habitants, la fièvre est déjà là. Les nouveaux immeubles poussent et les prix flambent.

Le Ghana, heureusement, n’oublie pas qu’il avait déjà connu un passé brillant. Prestige politique et essor économique entre 1960 à 1964 sous Kwame Nkrumah, père de l’indépendance, grâce aux exportations aurifères et une rapide industrialisation. Et puis à partir de 1965, s’ouvre une phase d’instabilité politique et de ruine économique.

L’or a peu profité aux Ghanéens. En 1992, plus de la moitié de la population du deuxième producteur d’or africain vivait encore sous le seuil de la pauvreté. S’il a pu être réduit à 28,5% en 2005, c’est bien parce qu’il lui a fallu passer par les fourches caudines de l’ajustement structurel et recevoir au total 4,2 milliards de dollars de dons ou de prêts concessionnels entre 1982 et 1991.

L’or n’a pas permis non plus la diversification de l’économie. Le pays tire toujours 80% de ses revenus du cacao, de l’or et du bois.

Contre-exemple nigérian

La désillusion de l’or, et le contre-exemple nigérian, à côté stimulent suffisamment le Ghana. En mars 2008, l’ancien président John Kufuor, prévenait. « Au lieu d’être une bénédiction, le pétrole a parfois été une malédiction pour bon nombre de pays qui ont découvert ce précieux produit ».

L’actuel gouvernement est bien aidé par une impressionnante coalition d’ONG, d’associations de la société civile. Un récent rapport de rapport d’Integrated Social Development Centre (ISODEC), une ONG ghanéenne et d’Oxfam America note que le Ghana doit faire des changements significatifs. « L’histoire a montré qu’en Afrique, l’exploitation de ressources naturelles a jusqu’ici trop souvent entraîné la pauvreté et des conflits, un phénomène qu’on appelle souvent la “malédiction des ressources”. Il faudra soutenir le développement dans la transparence, la redevabilité et l’efficacité de cette industrie ».

« À l’heure actuelle, il faut reconnaître que nous n’avons pas le savoir-faire nécessaire pour gérer cette énorme ressource, mais nous pouvons nous estimer heureux car nous bénéficions de l’expérience d’autres pays », indique Francis Ackah, le directeur technique de la compagnie nationale.

Modèle norvégien 

Le gouvernement envisage à long terme d’adopter le « modèle norvégien ». La Norvège a créé le Fonds pétrolier de l’Etat qui convertit les revenus du pétrole en actions et obligations pour les confier à des gestionnaires externes pour les investir. Les gains en sont affectés à des infrastructures (routes, écoles, logements, centres de santé), ou redistribués sous forme de prêts à des petites entreprises.

L’ONG Isodec estime, au contraire, que le Ghana n’est pas assez développé pour se permettre de placer de l’argent dans un fonds, alors qu’il a tant de besoins immédiats à satisfaire. « Plutôt un modèle ghanéen tenant compte des spécificités ghanéennes, tout en intégrant les meilleures pratiques en vigueur dans le monde », plaide-t-elle.

Salutaire débat. Le nouveau président Atta-Mills, est bien fondé à soutenir que « les Ghanéens ont la chance que le pétrole arrive alors que les affaires publiques sont menées de manière plus transparente que jamais ».

L’ONG OXFAM pourtant sourcilleuse le confirme en saluant « l'engagement que le Ghana a récemment pris en matière de transparence dans le secteur pétrolier naissant ».

La découverte du pétrole pourrait certes représenter « le plus grand défi managérial » auquel le pays Ghana ait jamais été confronté, mais, déjà, il montre que la malediction de l’or noir ne relève point de la fatalité


Par Chérif Elvalide Sèye, Dakar
Source: Les Afriques
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