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Qu’attend Kadhafi pour demander pardon au Tchad pour l’occupation injuste et sauvage de la Bande d’Aouzou de 1973 à 1994 ?

Publié par Ndouné sur 26 Août 2009, 06:06am

Catégories : #Politique

40 ans après le putsch l’ayant porté au pouvoir en Libye, Mouammar Kadhafi n’en finit pas de faire parler de lui et de son pays.  En effet, rien que pour l’année 2009 il a eu droit à tous les honneurs, et même aux plates excuses formulées, d’abord, par l’Italie – à cause de la période coloniale - et ensuite par la Suisse qui, elle, avait osé placer le fils du dictateur en garde à vue il y a quelques mois.

Mais pendant qu’on y est, qu’attend le guide de la révolution Libyenne pour demander pardon au Tchad pour l’occupation barbare de la Bande d’Aouzou pendant onze ans et bien entendu tout le Nord du Tchad pendant cinq ans, ainsi que les milliers de soldats Tchadiens tombés sur les champs de bataille de cette guerre qu’avait imposé la Libye de Kadhafi au Tchad ?

             
Décidemment l’année 2009 n’arrête pas d’être faste et flatteuse pour l’égo surdimensionné du colonel Mouammar el Kadhafi qui, après avoir été bien longtemps relégué à l’arrière ban de la communauté internationale, se retrouve et se maintient - comme grâce à un fabuleux sortilège – sous les spots de l’actualité la plus clinquante.

Il n’ya qu’à voir : Samedi 08 Août dernier, c’est Silvio Berlusconi en personne qui a fait le déplacement jusqu’à Benghazi pour formuler – l’oreille basse et la queue entre les jambes – un pathétique pardon à la Libye pour toutes les exactions perpétrées par l’Italie pendant la période coloniale. Et pour faire bonne mesure, «  Il Cavalieri » a déposé sur le tapis du bédouin la coquette somme de 5 milliards de dollars – comme prêt – en guise de « dédommagement » remboursable en …25 ans !

Le premier ministre Italien était venu ainsi clore un douloureux contentieux hérité de plusieurs décennies d’occupation et de colonisation de la Libye par l’Italie au siècle dernier.

Une belle revanche, seraient tentés de déduire bon nombre de ces Etats Africains ayant subi les affres de la colonisation. Mais une revanche d’autant plus époustouflante qu’il y a dix ou quinze ans aucun italien – et encore moins aucun Africain - n’aurait jamais osé parier même une lire trouée qu’il pourrait un jour en être ainsi ; surtout que le guide de la Jamahiriya Islamique est longtemps resté vissé dans le top five des chefs d’états les plus abhorrés et les plus infréquentables de la planète.

Mais ce n’est pas tout, car l’année 2009 aura été porteuse de grâces encore plus spectaculaires pour ce révolutionnaire ombrageux, imprévisible, et boulimique d’honneurs.

En effet, c’est toujours au cours de cette même année bénie que le colonel Kadhafi eu droit à l’insigne honneur d’être porté à la tête de l’Union Africaine où, bien évidemment,  son obsessionnelle ritournelle des Etats Unis d’Afrique a suscité moult bruissements de chaises et de froncements de sourcils de la part de la plupart de ses pairs  du continent qui, on ne peut s’empêcher de le relever, subissent sa présidence à la tête de l’U.A comme un véritable pensum.

Et ce n’est pas tout, car en sus de cette authentique consécration, Mouammar Kadhafi – jamais en panne d’initiatives loufoques – n’a rien trouvé de mieux que de réunir une bande d’obscurs chefaillons de villages du nord de la Libye qui l’auraient élevé à la distinction de « Roi des rois d’Afrique » ! Voilà la dernière lubie de ce fils de bédouin qui n’a guère hésité, dans la foulée de son élection à la tête de l’U.A, de faire une tonitruante entrée dans la salle des assises de l’institution panafricaine, flanqué de chefs traditionnels négro africains fagotés de tenues chamarrées.

Dans sa folie des grandeurs, Kadhafi a depuis longtemps oublié qu’il y a exactement quarante ans il avait mis fin à la monarchie dans son pays. Qu’il se fasse donc couronner aujourd’hui « Roi des Rois » ne peut que laisser perplexe tout analyste qui chercherait à trouver de la cohérence dans les agissements de ce putschiste qui, depuis près d’un demi-siècle, se distingue sans arrêt par des actes et des postures aussi excentriques que démesurés.

Quoi qu’il en soit, le leader libyen peut aussi se gargariser d’avoir obtenu de la manière la plus officielle qui soit les plus plates excuses du gouvernement Suisse  tout récemment  formulées à Tripoli par le premier ministre helvétique ayant personnellement fait le déplacement pour la circonstance. Des excuses qui sonneront pendant longtemps comme une véritable humiliation pour l’Etat Suisse qui n’avait fait qu’appliquer ses propres lois en plaçant en garde à vue un individu  coupable d’un délit prévu et réprimé par la loi Suisse.  Le drame aura été que ce quidam n’était autre que l’un des rejetons de Mouammar el Kadhafi.

Toute l’opinion mondiale se souvient de la suite des événements : Le sang du leader Libyen n’avait alors fait qu’un tour. Il procéda d’un claquement de doigts au retrait de la quasi-totalité de ses pétro dollars entassés dans les banques suisses, avant de couper toute fourniture de pétrole à ce pays qui, peu habitué à ce genre de situations, en attrapa la danse de St Guy.

Une drôle de situation en vérité qui, comme il fallait s’y attendre, avait bénéficié des faveurs d’une sur médiatisation aussi intempestive que grotesque, bien qu’il n’était question que d’une banale infraction de cruauté mentale exercée par le fils de son père sur ses domestiques. Des domestiques qui, fort opportunément, se sont souvenu à temps qu’ils se trouvaient dans un état de droit où la loi ne permettait pas à leur maître de les traiter comme en Libye. Le fils du potentat fut placé en garde à vue, et – sous le pressant activisme d’une armée d’avocats – libéré sous caution.

Aujourd’hui que la Suisse a pu expédier en Libye son chef de gouvernement,   jusque sous une tente présenter des excuses qui ne sont certainement pas sincères, Mouammar Kadhafi a pu savourer sa revanche à la limite de la jouissance sexuelle.

En tout cas les observateurs froids se demandent avec obstination, à la lumière de cette véritable cascade de mea culpa, à quel moment, à son tour Mouammar el Kadhafi pensera  demander pardon au Tchad – et éventuellement dédommager ce pays que ses troupes ont occupé de façon barbare pendant onze longues et insupportables années ponctuées de guerres féroces ayant laissé sur le carreau plusieurs centaines de soldats Tchadiens.

 Ceux qui n’ont pas oublié savent pertinemment que quatre ans seulement après avoir renversé Idriss el Senoussi – roi de Libye depuis 1950 - le bouillant colonel avait donné l’ordre à son armée d’occuper la Bande d’Aouzou, avant de l’annexer purement et simplement en 1975.

Il aura fallu – en marge d’impitoyables combats sur le terrain – que la cour Internationale de Justice de La Haye donne raison au Tchad qui récupéra légalement et légitimement cette bande de terre de 104.000 km2. Mais il faut le dire, la Libye n’a jamais réellement implicitement reconnu la décision de la C.I.J !

Ce qui est en tout cas indéniable, et même imprescriptible, est que pendant la terrible occupation libyenne, les soldats de Kadhafi se sont livrés à d’innommables actes de pillages, viols et assassinats, sans oublier l’exploitation désinvolte de bon nombre de minerais dont cette zone est gorgée.

Mouammar Kadhafi, tout Roi des Rois qu’il serait, a donc le devoir de demander pardon au peuple Tchadien, et même de le dédommager – comme il l’a fait pour les victimes du crash de Lockerbie il y a quelques années  -  pour toutes les exactions commises par ses soudards au nom de l’usurpation de cette terre, propriété inaliénable du Tchad.

 Et, last but not least, dans cette logique il faudrait aussi que Goukouni Weddeye – et c’est une bonne chose qu’il soit rentré au bercail - fasse au même moment son acte de contrition aux côtés du leader Libyen pour l’offensive de ses troupes de l’Armée de Libération Nationale lancée le 24 juin 1983 contre Faya Largeau. Une attaque qui avait bénéficié du fort soutien des troupes libyennes ; ainsi que cette autre brutale attaque des combattants du GUNT commandés par Goukouni, et appuyés par l’armée de la Jamahiriya Islamique.

A cet effet, tant que Mouammar Kadhafi n’aura pas réglé ce contentieux avec le Tchad, les blessures encore saignantes  provoquées par l’occupation libyenne sur la Bande d’Aouzou ne cicatriseront pas.


Par A.K de Ndjamena-matin

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