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L’ "Ambassadeur" du Tchad à Genève : pour qui roule-t-il ?

Publié par Ndouné sur 29 Septembre 2009, 02:11am

Catégories : #Opinion

A la suite de nos articles relatifs aux dysfonctionnements de l’Ambassade, Mission permanente du Tchad à Genève, M. Bamanga Abbas Malloum (qui la dirige) a cherché à se défendre de façon informelle avec fourberie et en tapant en dessous de la ceinture. Cela a atteint son paroxysme avec l’arrivée récente de délégations ministérielles tchadiennes à Genève auprès desquelles il s’est efforcé de débiter des contrevérités, au lieu d’élever le débat en fournissant des contre-arguments objectifs et constructifs.

 
Bamanga Abbas Malloum (Photo: Tchadoscopie)


En l’absence de toutes les parties concernées, M. Bamanga s’est employé à colporter toutes sortes de mensonges grotesques dont l’unique but n’était autre que de préserver son poste et les privilèges y afférents. Cette attitude est nuisible non seulement pour le Tchad mais aussi pour les Tchadiens qu’il est censé représenter. Cela mérite d’être porté à la connaissance de l’opinion nationale, et ses tromperies doivent être déconstruites en s’en tenant à la réalité des faits ; c’est le but principal du présent article, qui sera aussi pour nous l’occasion de rappeler notre position.

 

 

Rappel sommaire des faits

 

Pendant près de deux ans, nous avons fait partie du personnel de l’Ambassade, Mission permanente du Tchad à Genève. Durant l’exercice de nos fonctions, nous avons constaté certains dysfonctionnements imputables à la coordination de l’équipe qui travaillait à l’Ambassade ; ce constat était partagé avec les autres membres du personnel. Ces dysfonctionnements freinaient l’efficacité de l’équipe et empêchaient l’Ambassade de tirer suffisamment profit de la position stratégique de Genève sur le plan des relations bilatérales et multilatérales ainsi que du développement du Tchad. Cela a été porté à la connaissance de M. Bamanga, qui est chargé de cette coordination. Aucune suite n’a été donnée, malgré maints efforts de tout le personnel pour trouver des solutions de manière interne. Nous avons alors opté de les porter à la connaissance de l’opinion tchadienne à travers des articles pour les partager avec nos compatriotes et susciter un débat objectif et constructif autour du fonctionnement de certaines de nos représentations diplomatiques.  

 

 

Avant de publier ces articles, nous les avons portés à la connaissance des différentes hiérarchies – de l’Ambassade à la Primature, en passant par le Ministère des relations extérieures pour information. En l’absence d’objection, nous les avons publiés, et nous avons toujours précisé dans quel esprit nous les écrivions. Rappelons simplement que nous étions animé par la nécessité de promouvoir une bonne image du Tchad à Genève et sur la scène internationale, et d’attirer ainsi des investissements étrangers dans notre pays, en nous appuyant sur les préoccupations prioritaires du Tchad. Nous étions aussi guidé par l’urgence d’un bon et rationnel fonctionnement de notre Ambassade permettant de tirer profit des opportunités qu’offrent la coopération bilatérale et l’expertise technique et scientifique des institutions internationales pour le développement de notre  pays, au regard de la position incontournable de la Suisse en la matière et plus particulièrement de la ville de Genève. Par ailleurs, à travers ces articles, nous espérions que nos observations et recommandations allaient servir d’ébauche pour un débat constructif et la sensibilisation de certains de nos cadres en vue de l’efficacité de certaines de nos représentations diplomatiques au profit du Tchad, par et pour les générations présentes et futures. De surcroît, ces articles ne portaient pas atteinte aux intérêts du Tchad ni à sa stabilité. Au contraire, ils visaient la préservation et la revalorisation des intérêts du Tchad de manière à promouvoir un développement harmonieux de notre pays, au regard du contexte national, régional et international qui évolue considérablement et rapidement tout en redéfinissant les enjeux diplomatiques et en posant de nouveaux défis pour le développement des Etats.

 

Malgré la pertinence de nos articles et la clarté de nos motivations, l’ "Ambassadeur" Bamanga s’est engagé sur tout un autre terrain (subjectif) pour défendre sa manière de gérer l’Ambassade. Il a mené un intense et informel lobbying en ayant un seul mot à la bouche : « c’est un rebelle ».

 

« De l’opposition armée » comme seul argument (infondé) de l’"Ambassadeur" Bamanga.

 

Aujourd’hui, l’étiquette « rebelle » ou « opposant » est devenu un argument facile pour celui qui se refuse d’assumer la responsabilité des défaillances de l’institution publique qu’il dirige ou de son incompétence. C’est dans ce registre que s’est inscrit M. Bamanga. En lieu et place de contre-arguments objectifs et d’un débat constructif sur les dysfonctionnements de l’Ambassade sous sa responsabilité, il s’est efforcé de nous tailler un costume de soi-disant rebelle auprès des différentes autorités tchadiennes et de qui veut l’entendre. Avec « l’appartenance (non vérifiée) à la rébellion » comme seul argument, on est en droit de se poser un certain nombre de questions. Qui est vraiment M. Bamanga ?  A force d’étiqueter les autres de rebelles, ne projette-t-il pas simplement sur les autres l’image qu’il a de lui-même et qu’il voudrait maintenir cachée ? Partant de cette question, on peut se poser une autre : mange-t-il sur deux arbres, le gouvernement tchadien et la rébellion ?

 

L’attitude logique et sensée aurait été de faire sa propre évaluation de la manière dont fonctionne l’Ambassade qu’il dirige afin d’apporter des solutions à ce qui est défaillant. Ce qui aurait amélioré son efficacité et apporté un peu plus de valeurs ajoutées à l’Etat et aux tchadiens. Comme il ne l’a pas fait, n’est-il pas par ce simple fait l’ennemi de l’Etat et des tchadiens ? Par ailleurs, il invente pour les autres des liens avec la rébellion et, il passe sous silence ses liens toujours actuels avec certains membres de l’opposition armée qui, avant de rejoindre la rébellion, ont contribué à amener M. Bamanga au poste qu’il occupe actuellement. En outre, depuis qu’il dirige cette ambassade (bientôt 5 ans), sept personnes l’ont quitté, suite à des mutations ou des rappels dont les concernés n’étaient pas à l’origine. Il va même jusqu’à solliciter la suppression d’un poste pour le rétablir après le départ de la personne qu’il voulait faire partir ! Leur seule responsabilité, c’est d’avoir osé dire la vérité sur certaines défaillances du fonctionnement de l’Ambassade. Même deux membres du personnel tchadien au service de sa résidence ont démissionné et sont rentrés au Tchad, suite à des traitements inhumains, cruels et dégradants, indignes d’un diplomate ! Est-ce que l’Ambassadeur serait un saint et les autres des démons ?

 

En ce qui nous concerne, M. Bamanga véhicule partout que nos droits liés à la fin de nos fonctions à l’Ambassade nous ont été versés alors que la procédure est toujours en cours et qu’il n’a pas respecté les règles en la matière en ce qui le concerne. Il imprime des articles anonymes trouvés sur Internet et nous les attribue (c’est le cas d’un article signé Tamana sur tchadoscopie), alors que nous avons toujours signé nos articles de notre propre nom, même au moment où nous travaillions encore au sein de l’Ambassade. Qu’il ait au moins l’intelligence et la sagesse de comparer le style et le fond pour se rendre compte que ces articles ne relèvent pas de notre plume, avant d’aller se ridiculiser devant qui que ce soit ! C’est le minimum ! En plus de cela, il est allé jusqu’à soutenir que nous avons accueilli les délégations de la rébellion qui seraient venues à Genève sans en fournir la preuve. Comment pouvons-nous accueillir des délégations dont nous n’étions même pas au courant de leur arrivée ? Par ailleurs, cela m’interroge : comment peut-il savoir qui était avec qui si lui-même n’était pas avec ces délégations ? La rébellion en rira à mourir si elle l’apprend : comment un type qu’elle ne connaît même pas serait-il à leur service ? Nous ne lui en tenons pas rigueur car nous savons qu’il ne cherche qu’à préserver ses propres intérêts et qu’il est prêt à tout pour y arriver ! Seulement, qu’il mette fin à ses âneries et cesse de ramener ses défaillances à une confrontation personnelle ; c’est strictement un problème institutionnel. Qu’il remédie aux dysfonctionnements relevés et il montrera ainsi qu’il est à la hauteur de la tâche qui lui incombe au sein de l’Ambassade ! Nous savons qu’il cherche par tous les moyens à nous entraîner dans une confrontation violente ; nous aimerions lui dire que nous n’allons pas recourir à la violence physique ou toute autre forme de violence comme d’autres l’ont fait à son égard, nous allons toujours faire appel à la raison ! Notre éducation est un rempart pour nous contre le jeu dans lequel il veut nous entraîner.

 

La majorité des ambassadeurs ou agents diplomatiques tchadiens ne sont pas de ce type ; l’Ambassadeur du Tchad à Genève est une exception à la règle, qui fait partie de ce genre d’individus préoccupés uniquement par leurs intérêts personnels, et qui mangent à toutes les sauces pour les préserver. Ces individus sont dangereux non seulement pour le gouvernement et l’opposition mais aussi et surtout pour la République et ses fondements, pour la paix civile ainsi que pour le progrès de notre pays. Ils doivent être démasqués et traités symboliquement et institutionnellement comme il se doit pour l’intérêt du Tchad et des tchadiens.

 

Enfin, étant donné que M. Bamanga aime s’attaquer à notre image au lieu de s’occuper des dysfonctionnements dont il est responsable, nous aimerions réitérer la clarification de notre position : nous sommes un simple citoyen tchadien, fonctionnaire de l’Etat, au service du Tchad et des tchadiens. En tant que cadre technique, nous sommes convaincu de notre responsabilité d’éclairer ce qui ne marche pas là où nous travaillons et de proposer d’éventuelles solutions, et rien d’autre que cela ! Nos observations et recommandations ne sont que des contributions pour améliorer les choses !

 

Notre dévouement a toujours été et restera la cause tchadienne

 

Avant de nous taxer de tous les maux, M. Bamanga devrait se rappeler que si l’Ambassade qu’il dirige aujourd’hui a été réouverte c’est parce que nous y avons contribué. C’est cette contribution qui nous définit le mieux !

 

En effet, au lendemain du coup d’Etat du 13 avril 1975 qui s’est soldé par le renversement du régime de Ngarta Tombalbaye, l’Ambassade – Mission permanente du Tchad à Genève a été fermée ; la Suisse était diplomatiquement couverte par l’Ambassade du Tchad à Paris.

 

Lors de notre séjour en Suisse dans le cadre de la poursuite de nos études supérieures, nous nous sommes rendu compte de l’importance que revêtait Genève. Aux côtés de New York, de Bruxelles et d’Addis-Abeba, Genève est une ville où se cristallisent les débats internationaux les plus importants, un des carrefours essentiels des relations entre Etats ainsi qu’entre Etats et institutions internationales. Ce qui nous a fait prendre conscience du fait qu’une réouverture de notre représentation diplomatique était essentielle, dans le sens qu’elle pourrait offrir de multiples opportunités bilatérales et multilatérales à notre pays. C’est ainsi que, pendant près de quatre ans, nous nous sommes impliqué, aux côtés de certains de nos compatriotes, dans tous les efforts de sensibilisation et de mobilisation des autorités tchadiennes (au Tchad et à Genève) pour cette réouverture ; ce qui fut fait en 2005.

 

Depuis cette réouverture, l’Ambassade a maintes fois sollicité nos compétences dans certains domaines, et nous nous acquittions honorablement (au nom des intérêts de notre pays) des tâches qui nous étaient confiées. Nous ne faisions pas partie du personnel de l’Ambassade, mais nous étions fonctionnaire de l’Etat et continuions à exercer nos fonctions de journaliste – correspondant des médias publics tchadiens à Genève. C’est en juin 2007 qu’un décret présidentiel nous a intégré au sein du personnel de l’Ambassade, Mission permanente du Tchad à Genève. L’équipe du personnel n’étant pas complètement mise en place, nous nous sommes acquitté de presque toutes les tâches de l’ambassade (premier conseiller, conseiller économique, attaché de presse, affaires culturelles, secrétariat), à l’exception des affaires consulaires, pendant plus d’une année. C’est au prix d’énormes sacrifices que nous nous sommes acquitté de ces tâches, étant motivé par la défense et la promotion des intérêts de notre pays.

 

Ainsi, nous nous demandons si le fait d’être au service de l’Etat et de promouvoir ses intérêts, le fait de rechercher la performance, l’excellence, l’intégrité, des résultats tangibles… dans le fonctionnement d’une institution publique – dont l’Ambassade, Mission Permanente du Tchad à Genève, fait de nous ce que M. Bamanga veut faire croire à tout le monde dans ses fourberies !

 

En outre, on nous reproche souvent le fait que nos articles sont publiés sur des sites d’information de l’opposition ; ce qui ferait de nous un rebelle. Nous aimerions préciser que nous avons déjà répondu à ce sujet (cf. « Réponses aux observations de Madame Aziza Moukhtar relatives à l’Ambassade, Mission permanente du Tchad à Genève » du 16 septembre 2009). Nous reprenons ici un extrait.

 

Des sites de l’opposition comme canal d’information

 

Le fait qu’une contribution soit postée sur un site de l’opposition ne lui enlève en rien sa pertinence ni ce qu’elle peut apporter dans le développement du Tchad, dans la revalorisation de son image et de sa place sur la scène régionale et internationale, pourvu qu’elle ne menace pas les intérêts et la stabilité de notre pays. Certaines actions du gouvernement – dont la lutte contre les détournements par exemple – sont relayées par des sites d’information dits de l’opposition, cela ne fait pas des membres du gouvernement des rebelles ! Le fait de critiquer de manière constructive et objective ce qui ne marche pas bien, ne fait pas de l’auteur un rebelle. Soyons réalistes : ces critiques ne sont pas des armes contre qui que ce soit, ce ne sont que de  contributions en vue de l’amélioration de ce qui ne marche pas bien ! Changeons de regard en nous libérant des préjugés à ce sujet, et nous prendrons ainsi conscience de la pertinence de certaines contributions et des buts qu’elles poursuivent !

 

Le recours à ces sites d’information se justifie aussi par le fait qu’ils sont plus facilement accessibles. Même le contact humain qui pourrait servir de relais d’information est cloisonné entre les délégations officielles et ceux qui ont des propositions à formuler. A titre illustratif, M. Bamanga emploie les gros moyens (même les mensonges) pour empêcher tout contact entre les délégations officielles et nous afin d’éviter que des points de vue contraires aux siens puissent remonter jusqu’à qui de droit. Cependant, nous resterons ce que nous avons toujours été : nous avons toujours accueillies les ressortissants tchadiens en mission de travail et les délégations officielles tchadiennes avant même que nous nous impliquions dans la réouverture de l’Ambassade et que nous y travaillions. Nous continuerons à le faire car ce sont nos compatriotes et que nos valeurs culturelles nous le recommandent. Cela fait partie de notre identité en tant que tchadien : être au service des autres ! Que M. Bamanga cesse de mettre en péril nos valeurs par ses manœuvres intéressées et par peur de voir de vraies informations remonter jusqu’aux autorités compétentes du Tchad.

 

 

Conclusion

 

Nous sommes convaincus que le fait d’étiqueter de rebelles tous ceux qui apportent de nouvelles valeurs ajoutées au développement de notre pays fait partie des manœuvres insidieuses qui sont utilisées par ceux qui se complaisent dans le statu quo. Cette stratégie est facilitée par le lien illogique qui est vite établi entre une critique constructive et le fait d’être un soi-disant rebelle. Ces liens subjectivement établis, sans recul et sans aucune logique, méritent d’être déconstruits. Ce genre de stratégies ne peut que nuire aux efforts de construire un meilleur avenir pour le Tchad, car elles criminalisent et font écarter des sphères de l’Etat les jeunes et talentueux cadres qui ont envie de mettre leur énergie, leurs compétences et leur créativité au service du développement de leur pays. Etre jeune cadre n’est pas synonyme d’immaturité ou d’inexpérience, encore moins à près de quarante ans comme nous aujourd’hui !

 

Au 21ème  siècle, il est temps que nous sortions des stéréotypes selon lesquels âinés = expérience, sagesse, intelligence, savoir et savoir-faire, etc. Ils n’en ont pas le monopole, et la manière dont fonctionnent certaines institutions publiques qu’ils dirigent et les multiples conflits qui ont meurtris le Tchad pendant qu’ils étaient aux affaires tendent à le prouver. Il ne s’agit pas de promouvoir des conflits de génération mais de rappeler qu’il est temps de déplacer le débat des stéréotypes vers ce qui est essentiel et urgent :  le fait que, quels que soient les considérations d’âge ou de sexe, l’intérêt général et les intérêts du Tchad doivent être promus et défendus avec conviction, volonté, intégrité, loyauté et excellence. Ce qui n’est pas le cas de ceux qui marchent sur deux voies antagoniques, en surfant sur les clichés afin de masquer leur double-jeu.

 

Que la paix, la prospérité, le progrès et le bien-être soient avec le Tchad et les tchadiens !

 

Par Talha Mahamat Allim.

Genève, Suisse

 

 

 

 

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