C’est à peu près ce qu’affirme le New-York Times dans son édition du 16 avril. Depuis plusieurs semaines l’Administration Obama a commencé à chercher un pays, probablement africain, susceptible d’accueillir le Guide Libyen s’il venait à accepter de s’engager dans des négociations de paix. En langage diplomatique, on appelle cela un « retrait sécurisé ».
Constatant l’inefficacité manifeste de la stratégie mise en place –le soutien aérien aux insurgés sans aide au sol ni fourniture d’armements aux insurgés-, l’administration américaine cherche donc désormais une issue de secours dérobée à Kadhafi.
Problème : la « short list » des pays susceptibles d’accueillir le Guide n’est pas très longue. C’est que le personnage, même s’il a arrosé de ses pétro-dollars bon nombre « d’amis » africains, traîne quelques casseroles. Compte tenu des crimes commis contre son peuple, Kadhafi risque fort d’être poursuivi par la Cour Pénale Internationale de la Haye.
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo a déjà ouvert une enquête pour crimes contre l’humanité en Libye visant la famille Kadhafi suite à la répression sanglante menée contre les insurgés.
Il lui faudra un nid douillet dans un pays n’ayant pas ratifié le Traité de Rome, sachant que la CPI compte 114 pays, ce qui limite d’autant les échappatoires.
La somalisation de la Libye ?
Le Ministre des affaires étrangères italien a déclaré que « l’Union africaine a la possibilité de formuler une proposition utile qui pousserait Kadhafi à abandonner le pouvoir ». On évoque le Tchad, le Mali, le Burkina-Faso ou le Zimbabwe.
D’autres pays qui auraient pu se révéler des terres d’accueil du Guide ne sont pas envisageables compte tenu des troubles politiques qu’ils traversent. C’est le cas de l’Algérie, l’Egypte, le Soudan ou encore la Côte d’Ivoire.
Sur un plan strictement moral, on s’étonnera quand même que les alliés, qui ont placé le pays sous embargo international pendant des années pour soupçons de terrorisme, cherchent aujourd’hui un havre de paix à son dictateur pour échapper à la justice internationale. Un détail…
Et quand bien même, les services de renseignement américains sont arrivés à la conclusion qu’aucun chef de la rébellion ne pourrait vraisemblablement s’imposer comme un successeur politique crédible à Kadhafi d'où le risque de relancer les guerres tribales que le tyran était parvenu à contenir par la terreur, ce que certains qualifient déjà de « somalisation de la Libye ».
C'est beau la guerre, vue d'en haut !
L’OTAN craint aussi de renouveler les erreurs commises par les Etats-Unis en Afghanistan qui pendant des années avaient soutenu les réseaux islamistes, promoteurs involontaires de ceux qui allaient se révéler leurs pires ennemis 10 ans plus tard.
Pourtant avec ses « gronavions », l’OTAN ne devait faire qu’une bouchée de cette armée de mercenaires en déroute : quelques tirs chirurgicaux, des insurgés amateurs armés de leur courage pour finir le boulot au sol et on remballe les gaules, nous promettait un philosophe expert en tir de précision. La guerre expliquée aux enfants…
Libye: une opération éclair de longue durée
Pas sûr que les Tomahawk les plus chers, les Rafale les plus performants ne viennent à bout du tyran prêt à tous les sacrifices, jusqu’à celui de son peuple quand la coalition est soumise à de fortes contraintes politiques et militaires (pas d’intervention au sol), se doit de respecter les codes de guerre sans contrevenir au concept du « zéro mort ». Le tout limité, par un cadre juridique, à mener ce qu’on appelle aujourd’hui –c’est un oxymore- une « guerre humanitaire ». Autant dire que les belligérants ne participent pas au même conflit... Lire la suite sur Marianne.
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