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Ouagadougou : La soldatesque dans la nuit

Publié par Ndouné sur 24 Mars 2011, 16:40pm

Catégories : #Afrique

arton18724-150x99.jpgIls sont nombreux, les Ouagalais qui n’ont pas fermé l’œil dans la nuit du mardi 22 au mercredi 23 mars 2011. La raison à cela : tout au long de cette « si longue nuit », des coups de feu ont été tirés par des soldats et des actes de vandalisme commis à travers plusieurs quartiers de la ville. De quoi réveiller chez certains le souvenir douloureux de fin décembre 2006 puis de début décembre 2007 où les Ouagalais ont vécu des scènes analogues...

...Pourquoi cette nouvelle poussée de fièvre kakie ? Un jugement rendu par la justice dans un dossier de mœurs opposant un sous-officier et quatre hommes du rang à un civil aurait provoqué la colère de leurs compagnons d’armes (Lire encadrés). Ces évènements ont installé une véritable psychose à travers la capitale, secouée par les rumeurs les plus folles et transformée en ville morte ce mercredi.

Incompréhension, consternation, désolation, colère. Le moins que l’on puisse dire est que les sentiments de plusieurs commerçants ouagalais étaient des plus divers et des plus négatifs, hier mercredi 23 mars 2011. A cela s’ajoute la peur, puisqu’aux environs de 8h les alentours de Rood Woko et de Zaabr-daaga ont été le théâtre d’une débandade folle. « Ils arrivent ! » criait-on par-ci par-là pendant que tout le monde prenait ses jambes à son cou ou fermait boutique. Fausse alerte. Mais comme prudence est mère de sûreté, il vaut mieux fermer boutique et baisser les grilles.

« Patrouilles » de vandales

Les victimes de cambriolage n’ont alors que leurs yeux pour pleurer face aux dégâts enregistrés dans leurs commerces, dévalisés dans la nuit du mardi au mercredi. C’est le cas de Rodrigue Delma, qui a sa boutique de téléphones portables et autres matériels électroniques du côté de Zaabr-daaga. Dans son échoppe, plus d’articles, les cartons, vides, de cellulaires se disputent la place par terre avec les morceaux de vitres brisées.

Les auteurs du vol ont laissé derrière eux des indices : un ceinturon militaire abandonné sur une vitrine et des cartouches à balles un peu partout à l’intérieur. En certains endroits, on trouve des traces de sang séché. « Ils n’ont rien laissé ! » constate, meurtri, le pauvre Rodrigue Delma qui nous confie n’avoir encore pu faire l’évaluation des dégâts.

Pour ses deux voisins par contre, en l’occurrence Will.com sarl et COGEA international, les dommages se chiffreraient à plusieurs millions de F CFA. Le directeur général (DG) de Will.com, Sayouba Zidwemba, a même été témoin du casse de son affaire : « J’étais dans mon bureau quand ils sont arrivés vers 23 h. Ils nous ont éloigné en tirant plusieurs coups de feu puis ont commencé à piller toutes les boutiques qui sont alignées. J’ai appelé mon voisin au téléphone (NDLR : le DG de COGEA international, Lamine Yaoliré) pour l’en informer. Il a accouru mais les militaires nous interdisaient d’approcher. Ils ont chargé leurs articles dans deux véhicules garés au bord de la voie puis ils sont partis. D’autres groupes se sont succédé et ont continué à piller ».

La majeure partie du matériel informatique et électronique que contenaient les établissements a été ainsi emportée. « Ils ont tout pris ! Liquidité comme appareils ! » dit en se lamentant Lamine Yaoliré. Le tout avoisinerait, selon ses dires, 91 millions de F CFA.

En plus des appareils, son voisin, lui, aurait perdu près de 54 briques, envolés de son coffre-fort, forcé. « Je devais prendre un vol pour Dubaï vendredi, c’est pourquoi j’avais converti mon argent en euros, en dollars et en francs CFA que je gardais dans mon coffre-fort. Ils l’ont fait sortir et l’ont forcé », explique Sayouba Zidwemba. Ils auraient passé leur nuit à protéger ce qui restait dans leurs magasins des pillards opportunistes et autres bandits qui ont pu, par endroits, s’engouffrer dans la brèche ouverte par la soldatesque pour se servir.

Les deux commerçants, qui ne sont pas assurés, ne manquent d’appeler l’Etat à l’aide. Ils s’inquiètent également du sort de leurs dizaines d’employés. Des bidasses s’en seraient même pris à des filles, à en croire des témoins. Dans leur folie nocturne, ils ont également « oublié » une arme dans une boutique.

Source: l’observateur paalga

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