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Tchad : La question brûle toutes les lèvres…Kadhafi a-t-il l’intension de réconcilier Deby et son opposition politico-militaire ?

Publié par Ndouné sur 28 Janvier 2010, 17:29pm

Catégories : #Enquête

Deby_Khadafi_Libye2.jpgJeudi 21 Janvier dernier le président François Bozizé de Centrafrique débarque à Tripoli et converse longuement avec Mouammar Kadhafi sur maints sujets de grande importance, notamment sur les conflits en Afrique.

Le lendemain, 22 janvier, Idriss Deby Itno du Tchad lui emboite le pas, et s’entretient à son tour pendant plusieurs heures avec le guide de la Jamahiriya Libyenne sous sa légendaire tente.

Au même moment, tous les leaders des mouvements politico militaires composant l’UFR sont convoqués et logés à Khartoum par les autorités Soudanaises. Ce serait – n’en finissent pas de susurrer certaines langues indiscrètes – en prélude d’un imminent, et plus que probable, déplacement collectif de ceux-ci pour Tripoli, aux fins d’une rencontre avec le guide libyen, dans l’optique d’une négociation avec le régime de N’djamena.

Et sans oublier que, depuis près d’une demi-dizaine de jours, toutes les factions militaro politiques du Darfour sont réunies à Doha au Qatar pour des négociations avec le régime d’Omar Hassan el Béchir sous l’égide du négociateur en chef de l’Onu et de L’U.A.

En mettant bout à bout ces faits - qui sont loin d’être anodins ou sans rapport – bon nombre d’observateurs n’ont guère hésité à subodorer une rencontre –ou à tout le moins – un rapprochement entre Deby et son opposition militaire. Dans la logique globale de la politique de « normalisation » en marche depuis quelques mois entre Khartoum et N’djamena.

Trop beau pour être vrai ?

Depuis quelques mois, de sinueuses tractations se déroulent successivement, et alternativement, entre les capitales du Tchad et du Soudan en vue de l’aboutissement à ce que le jargon diplomatique a élégamment nommé « accords de normalisation » entre ces deux pays.

Une normalisation consistant en fait, et d’accord partie entre les deux pays, à en finir une fois pour toutes avec les actions militaires des groupes rebelles opposés à l’un et l’autre régime.

Si depuis plus de dix ans il a été établi que les attaques des mouvements rebelles hostiles à Omar el Béchir sont invariablement parties du territoire Tchadien, et ceux des opposants à Deby lancés à partir de la frontière Soudano Tchadienne, cet état immuable de choses a forcément offert sans arrêt le prétexte à ces deux chefs d’Etats de s’accuser mutuellement de soutenir – voire de financer – les rebelles de l’un contre l’autre.

A plusieurs reprises des tentatives de conciliations et même de réconciliation ont été entreprises et menées souvent de façon fort sincère – par des chefs d’Etats ou des organisations sous régionales - afin que ces deux présidents en finissent avec les présomptions de culpabilité de soutien des mouvements de rébellion de l’un contre l’autre.

Il faut même reconnaître et louer le fait qu’à plusieurs reprises le Qatar s’est investi à fond pour mettre un terme, non seulement aux rapports empoisonnés entre les deux chefs d’Etats, mais aussi entre les factions rebelles militarisées opposées aux deux régimes en place à N’djamena et Khartoum.

Et le moins qu’on puisse dire est que le Qatar n’est toujours pas fatigué de cette besogne, lui qui – à l’heure où nous sommes - est en train de servir de cadre, à Doha, à des négociations serrées entre le régime d’Omar el Béchir et les rebelles les plus irréductibles du Darfour. Des négociations directes menées tambour battant sous l’égide de médiateurs qatarites flanqués de Mr Djibrill Bassolé – négociateur en chef de l’Onu et de l’U.A - et du Dr Ghazali Sahaladine, conseiller spécial du président Omar el Béchir.

C’est dire à quel point les démarches entreprises depuis maintenant quatre ou cinq mois dans le sens de mettre en phase les régimes de N’djamena et de Khartoum et leurs oppositions militaires sont encore plus porteuses d’espoir que par le passé. Bien que, si l’on s’en tient au contenu des accords de normalisation signés il y a une dizaine de jours, à N’djamena entre les deux pays, les chances de parvenir à une normalisation totale et effective demeurent encore relativement éloignées.

Éloignées et bien minces dans ce sens quil demeure impossible que les velléités belliqueuses des rebelles, tant tchadiens que soudanais, puissent prendre fin sans que ces derniers soient pleinement et sincèrement associés aux négociations.

Ce qui nécessiterait forcément que chacun des présidents de ces pays « parle » - ou à tout le moins trouve un modus vivendi – avec ses propres rebelles.

La solution d’une force d’interposition du genre de la Minurcat ayant depuis longtemps démontré son inefficacité, ni le Tchad, ni le Soudan n’en veulent véritablement plus, surtout Idriss Deby qui a affirmé sans ambages ne plus la voir renouveler son contrat qui expire au mois de Mars 2010.

Ne reste donc que la solution du Dialogue qui demeure en fait la plus intelligente et la plus pragmatique.

Du côté des autorités Soudanaises, le dialogue va plutôt bon train à Doha entre le Dr Ghazi Sahaladine, conseiller personnel d’Omar el Béchir, et les groupes militaires du Darfour qui, pour la circonstance, se sont démultipliées en plusieurs myriades d’obédiences, rendant ainsi les éventuelles négociations plus compliquées. Et si le MJE, le fameux Mouvement pour la Justice et l’Égalité est représenté par une forte délégation conduite par Mr Ahmed Hussein Adan, Abdelwahid Mohammed Nour, chef d’une autre très importante faction rebelle du sud Darfour qui vit en exil en France, est absent, mais son mouvement est représenté par de multiples petits groupuscules qui se caractérisent par la multiplication de leurs revendications.

Cela n’entamé pourtant pas la volonté de Khartoum d’aller jusqu’au bout de sa volonté d’en finir avec les raids rebelles. Loin s’en faut.

Difficile d’en dire autant d’Idriss Deby ou de son régime pour qui la question de la rébellion n’a jamais eu pour seules réponses que la reddition de ceux-ci, leur ralliement pur et simple… ou l’affrontement sur un champ de bataille !

Quoiqu’il en soit, à en croire des indiscrétions glanées auprès de certains caciques Libyens, la convocation à Khartoum des grands responsables de l’UFR ne serait qu’un premier pas vers une médiation directe que compte mener le guide libyen entre le régime en place à N’djamena et les différentes fractions politico-militaires.

Cela est d’autant plus plausible qu’en sa qualité de président en exercice de l’Union Africaine, Mouammar Kadhafi souhaiterait bien rester, pour la postérité, l’homme ayant réglé le problème de la rébellion tchadienne. C’est ainsi qu’il se murmure avec insistance que Le Président en exercice de l’U.A a l’ambition de mettre le problème de la pacification de l’Est du Tchad à l’ordre du jour du Sommet de L’U.A qui se tient ce week-end à Adis Abeba.

En effet, le président Kadhafi a souvent été l’artisan de la conclusion de maints ralliements spectaculaires – notamment celui de Mahamat Nour Abdelkerim en 2007 - ; mais l’homme qui s’est proclamé "roi des rois d’Afrique" semble réellement décidé à jouer un rôle déterminant dans ce qui – pour l’heure - est considéré par Khartoum et N’djamena comme des "accords de normalisation".

Ainsi donc, il ne serait pas surprenant que dans les jours à venir, on assiste à une implication totale de Mouammar Kadhafi dans une démarche – sinon "d’apaisement" du moins de conciliation entre le régime de Deby et les rébellions du Sud et de l’Est du Tchad.

Mouammar Kadhafi réussira-t-il dans cette entreprise qui ressemble à une "mission impossible" tant on sait que les deux camps sont, chacun en ce qui le concerne, arc-boutés sur des postures rigides ?

En fait, l’opposition armée, bien que fragilisée par de sourdes dissensions internes aura-t-elle la capacité d’aboutir à une solution acceptable sans trahir ses revendications intrinsèques ?

Mais le plus grave, c’est – et ici cela se dit au conditionnel – qu’il se susurre que Deby serait prêt – à "parler" avec l’opposition politico-militaire à condition que Timane Erdimi et Mahamat Nouri ne fassent pas partie des interlocuteurs.

Si cela était vrai, les discussions en perspective s’annoncent difficiles à mener.

Il est vrai que Deby dont on connaît la rancune tenace n’a jamais pardonné à ses cousins Tom et Timane, non seulement d’avoir craché dans sa soupe, mais surtout d’avoir pris la tête de la rébellion armée contre lui. Bien plus encore, Timane Erdimi est coupable à ses yeux d’avoir unifié les groupuscules rebelles sous le commandement unique de cette UFR qui a donné plus d’une fois du fil à retordre à N’djamena et à ses soutiens français.

De même, le maître de N’djamena vouerait une haine féroce à Mahamat Nouri qui fut l’un de ceux en qui il avait jadis mis sa confiance.    

La question reste donc entière : Kadhafi réussira-t-il à faire fumer le calumet de la paix à Deby et son opposition politico militaire ?

Cette opposition a-t-elle aujourd’hui suffisamment de tonus pour profiter de cette occasion qui s’offre devant elle pour se présenter en rangs serrés face au régime de Deby – aidé par le guide libyen -  et faire de ce dialogue, non pas l’acceptation de diktats imposés, mais une concertation historique au travers de laquelle leurs revendications fondamentales et historiques seraient enfin prises en compte ?

Seule la suite des événements saura nous le dira, mais une chose est sûre : L’avenir immédiat de l’opposition politico militaire Tchadienne se joue en ce moment entre Khartoum et Adis Abeba. Et cet avenir est concentré entre les mains de ceux qui mèneront les débats. Le vrai problème ne résidera pas dans la victoire d’un camp sur l’autre, mais bel et bien dans l’intérêt supérieur du Peuple Tchadien qui n’a que trop souffert.

 

Par A.K | Ndjamena-matin

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