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Affaire Ben Barka : un journaliste de France 3 harcelé devant les tribunaux français

Publié par Ndouné sur 16 Février 2009, 18:41pm

Catégories : #Enquête

A défaut d’être résolue, l’affaire Ben Barka encombre les tribunaux. Un Marocain recherché par la justice française dans le dossier Ben Barka a déposé trois plaintes contre un journaliste de France 3.

Le 3 février dernier, le grand reporter de France 3 Joseph Tual comparaissait devant la 17è chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Un certain Miloud Tounzi, actuellement terré au Maroc mais condamné en 1967 en France à la réclusion criminelle à perpétuité dans l’affaire Ben Barka et sous le coup d’un mandat d’arrêt international délivré en octobre 2007 par la justice française, toujours dans le cadre de l’affaire Ben Barka, a porté plainte contre lui pour « délit d’injures publiques ».

A la fin du mois d’avril 2008, Joseph Tual avait accordé par mail une interview au Journal hebdomadaire, célèbre news marocain, où il parlait de « tortionnaires du peuple marocain ». Ce qui avait chiffonné le sieur Tounzi qui est soupçonné par la justice française d’être directement impliqué dans l’enlèvement de Mehdi Ben Barka en plein Paris en octobre 1965.

Le jugement a été mis en délibéré au 17 mars prochain, les responsables du Journal hebdomadaire qui étaient cités étaient aux abonnés absents (bonjour la solidarité entre confrères), la procureur de la République a estimé que la qualification d’ « injures publiques » n’était pas la plus appropriée, que la diffamation aurait été mieux sous réserve d’un débat contradictoire. Mais l’essentiel n’est pas là.

Miloud Tounzi aux abonnés absents en France

Depuis Rabat, au Maroc (il se fait représenter à Paris par son avocat maître Philippe Clément qui ne répond pas aux demandes d’interviews de Bakchich) où il snobe les convocations de la justice française, Miloud Tounzi a engagé une véritable guérilla judiciaire contre Joseph Tual.

 
© Khalid

Deux autres plaintes sont en cours devant les tribunaux français. En juillet 2008, Tounzi faisait délivrer au reporter une assignation pour « atteinte à la présomption d’innocence ». C’est toujours l’interview au Journal hebdomadaire qui est en cause.

« On veut me dissuader de travailler »

Puis en octobre dernier, par avocat interposé, Tounzi faisait savoir dans la presse marocaine qu’il portrait (encore !) plainte contre Tual pour « violation du secret de l’instruction ». En cause cette fois ? Le 22 octobre 2008, jour de l’arrivée de Nicolas Sarkozy au Maroc pour une visite officielle, un reportage de Tual est diffusé sur France 3 et révèle que le juge d’instruction français en charge du dossier Ben Barka a délivré des mandats d’arrêts internationaux contre cinq ressortissants marocains. Parmi eux, figure Miloud Tounzi et d’importants responsables sécuritaires du royaume enchanté comme le général Hosni Benslimane, chef de la Gendarmerie royale qui a depuis été aperçu en train de donner une conférence de presse en Espagne… Le 20 novembre 2008, Jospeh Tual a été entendu comme témoin assisté dans cette affaire.

Pour le journaliste, pas de doute, on veut lui « faire peur, me dissuader de parler et de travailler sur l’affaire Ben Barka, me submerger de procédures en me visant personnellement, évitant curieusement de s’en prendre à mon employeur France 3. Ils espèrent peut-être ainsi me décourager, m’isoler. Mon enquête journalistique a révélé des éléments nouveaux, la justice française a investigué ces faits, ce qui a abouti aux fameux mandats d’arrêts d’octobre 2007. Et ça, les sécuritaires marocains ne le digèrent visiblement pas ».

La presse aux ordres du royaume s’en mêle

Comme si trois plaintes ne suffisaient pas, il a fallu que la presse aux ordres marocaine s’en mêle. Avec la classe qu’on lui connaît. Ainsi, le 23 novembre 2007, le magazine Maroc Hebdo International publiait un article joliment intitulé « Profession : fouille-merde » avec une photo du journaliste en Une. Résultat : en juillet 2008, la 17è chambre correctionnelle condamnait Maroc Hebdo pour « injure publique ». La publication a fait appel.

Dans le même registre, le quotidien marocain Assabah traitait Tual d’agent des services secrets algériens. Et le 17 octobre 2008, la 17è chambre condamnait ce journal pour diffamation. Puis rebelotte avec Maroc Hebdo, décidément déchaîné. Le 9 novembre 2007, on pouvait y lire le contenu d’une conversation téléphonique entre Miloud Tounzi et Joseph Tual. Carrément ! Le journaliste a depuis porter plainte pour « atteinte à la vie privée par interception et divulgation par voie de presse de propos prononcés à titre privé et confidentiel. » Là encore l’affaire suit son cours…


Par La princesse enchantée
Source: Bakchich

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