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Cameroun : Ce que Biya pense de son armée et de ses Généraux.

Publié par Ndouné sur 27 Mai 2014, 08:09am

Catégories : #Opinion

Armee-camerounaise.jpgDans son interview à Paris le 17 mai dernier lors du Sommet sur la Sécurité au Nigeria, Biya n’est pas passé par deux chemins pour décrier les tares de son armée avec la même lucidité que dans son discours de fin d’année dans lequel il a fustigé l’incompétence de son gouvernement avant d’entrer dans les sissongos alors qu’on attendait de lui des reformes énergiques consécutives.

Il a avoué sans ambages que son armée est indisciplinée, incompétente, insubordonnée, mal entrainée, désorganisée, mal équipée, mal préparée pour les défis du moment et manque de leadership face à un ennemi mieux loti. Une analyse lucide et effrayante qui fait comprendre au people camerounais qu’il n’est pas protégé et surtout la nuit parce que les militaires dorment en ce moment et aux ennemis qu’ils peuvent continuer à faire du Cameroun, comme ils le font déjà, leur terrain de prédilection, cela parce que n’ayant  aucun  obstacle en face.

En dehors de ces derniers événements devenus récurrents dans la Région de l’Extrême- Nord, beaucoup d’autres incidents de même nature ont été enregistrés dans les passé. Chaque fois, les assaillants qui ont fait du Cameroun un pays conquis, ont tué civils et militaires et sont repartis sans la moindre intervention d’une armée devenue fantoche et qui a perdu tous ses repères, minée par des démons de toutes natures. Chaque fois, ils ont emporté toutes sortes de butins y compris  armes, matériel et voitures de nos postes de sécurité. Dans tout cela, aucune perte en vie humaine ni en matériel n’a jamais été enregistrée du côté des agresseurs.   

Dans certains cas comme à Waza, ils ont attaqué avec une grande facilité dans le pays à plusieurs km des frontières, traversant sur leur parcours en convoi  de plusieurs véhicules, pas en cachette, des bases militaires et autres commissariats de police et brigades de gendarmerie. A Limbe et à Douala ils ont opéré sans la moindre inquiétude sous le nez et la barbe de notre armée.

Qu’est ce que les services de sécurité en ont tiré comme leçons? RIEN puisque les mêmes scénarios se répètent avec les mêmes conséquences. Aussi si on considère la désinvolture de nos éléments aux postes de service, l’incompétence de leurs chefs qui sont incapables de prendre la moindre décision ni d’organiser efficacement les services et l’inconscience de la hiérarchie militaire dont la sécurité des populations et la protection du territoire ne semblent pas être un souci majeur. Dans le cas de Waza, Boko haram n’a pu agir en toute liberté que parce que l’unité de garde  du BIR avait été dégarnie, ses éléments  envoyés à Yaoundé pour le défilé du 20 mai à la gloire et pour le bon plaisir de son Altesse Royale Biya Mbi Mvondo Paul Barthélémie 1er de Mvomeka.

Au fait, que fallait-il s’attendre d’une armée tribale dont la seule mission est de protéger le Roi et sa famille et dont la seule loyauté est pour lui seul et non pour le peuple. La garde de sa belle -mère seule est assurée par une centaine de policiers et de gendarmes qui se relaient jour et nuit alors que les postes de sécurité manquent d’éléments d’intervention et les frontières et points sensibles de personnel.

Dans le cadre de la sécurité en République Centrafricaine, un contingent militaire camerounais constitué d’un nombre important de gendarmes femmes qui ont acquis leurs places par leurs seins et leurs fesses a fait partie de la Force Africaine de Maintien de la Paix dans ce pays (la MISCA) commandée par un Général camerounais. ils y ont étalé toutes les tares de l’armée camerounaise: inaptitude, manque de formation et de professionnalisme pour affronter de tels défis, insubordination, indiscipline caractérisée à l’égard de leur hiérarchie à tel point qu’on ne pouvait les assigner qu’à des tâches subsidiaires degardiennage, de sécurité des établissements bancaires et commerciaux et des maisons des hautes personnalités et à l’escorte des camions humanitaires .

Quant aux femmes, en plus de ces tares, les rapports ont signalé qu’elles ont plus brillé par des ‘’opérations canapés avec les officiers supérieurs des autres pays engagés’’. Une honte qui a  largement entaché l’honneur et la crédibilité du Cameroun. Face à ce scandale dans un champ d’opérations, le commandement avait demandé sans succès aux autorités camerounaises qu’elles soient rapidement renvoyées dans leur pays  pour être remplacées par des éléments masculins.

C’est la vraie face de l’armée camerounaise étalée au grand jour aux yeux de la communauté internationale.

Qu’attendre d’une armée dont la pléthore des Généraux tous séniles et dont beaucoup ont  perdu le nord depuis belle lurette ont été déchargés de leurs missions au profit d’un Colonel israélien commandant du BIR (Bataillon d’Intervention Rapide) et se sont reconvertis  dans les affaires de toutes natures, la corruption et la dilapidation des fonds réservés à l’équipement de l’armée et à l’entretien des éléments.

Ce BIR, milice tribale de Biya, créée de toute urgence et confiée au commandement d’un israélien par Biya qui avait perdu toute confiance en l’efficacité de ses troupes pour sa protection et au loyalisme de ses Généraux qu’il arrose pourtant littéralement d’or, est une unité aux éléments barbares, violents, Insolents, sans foi ni loi  qui échappent à tout contrôle de la hiérarchie militaire. Ils sont très actifs dans la répression des manifestions politiques des opposants au régime et font régner la peur et la terreur. L’assassinat des 250 enfants lors des manifestations de 2008 fait partie de leur bilan sans compter les autres nombreuses exactions qu’ils commettent  tous les jours impunément dans les villes et villages du pays.

Les deux armées, car il s’agit bien de deux armées, se regardent en chiens de faïence, se suspectent et se détestent à tous les niveaux de la hiérarchie à cause des gâteries dont le BIR  fait l’objet de la part de Biya qui ne lésine sur aucun moyen pour entretenir le moral de ses hommes et de l’importance qu’a prise le BIR et son commandant israélien qui, plus que l’autre armée, contrôle la totalité du territoire avec ses unités implantées partout. Au fait le BIR est omniprésent et contrôle tout dans le pays. Il est partout et son commandant qui ne rend compte qu’au Président de la République est très puissant. Il fait tout : il est dans les patrouilles, la protection du Roi et de sa famille, celle payante de certaines personnalités civiles que l’argent des caisses de l’Etat a rendu complètement dingues et en mal d’honneur, la garde des points sensibles, aux frontières, l’escorte de fonds, la garde des résidences présidentielles. Elle fait le travail de la police, des gardes champêtres, des gardiens de parcs, des gardes forestiers, de la gendarmerie, de l’armée régulière. Il a gangrené l’armée comme un vers vicieux dans le fruit. C’est au BIR et à son commandant que va la confiance de Biya.

Il dispose de d’un équipement sophistiqué que l’armée régulière n’a pas. En cas de quelque chose, il y a de fortes chances que les deux armées se tirent plutôt dessus pour la guerre de leadership et se neutralisent au lieu de combattre l’ennemi et de protéger le peuple. Les généraux ne comprennent pas et n’apprécient pas que Biya les ridiculise tant en confiant une unité d’une si grande importance à un colonel, de surcroît un expatrié. La mort du tonitruant premier commandant israélien du BIR, prédécesseur de l’actuel, relève sûrement de cette situation. 

Qu’attendre d’une armée dont le chef, Mebe n’go a tellement volé qu’il est devenu le plus riche de l’administration publique camerounaise. Impliqué dans toutes sortes de magouilles et  de corruption, il est devenu la risée de tout le monde et  fait constamment la Une des journaux locaux et de gros titres dans les media étrangers.  

Mebe Ngo’o et ses Généraux savent ce que deviennent ces milliards inscrits chaque année dans le budget de l’Etat pour le compte de l’armée amenant le Président de la république à confesser, sans la moindre honte aux yeux du monde entier qu’une secte terroriste est plus équipée que l’armée de son pays.

 Il a largement échoué à la protection de nos frontières et a abandonné les populations, nationaux comme expatriés à un triste sort. Sa reconduite dans un gouvernement serait une insulte au peuple qui l’attend en Justice pour justicier sa fortune, répondre des détournements des deniers publics et de l’assassinat du journaliste Koum koum Jules qui avait eu le courage d’enquêter sur ses biens.  

Qu’attendre d’une armée dans laquelle on ne sait plus qui fait quoi et où et qui commande quoi et qui et dont les éléments sont devenus tellement indisciplinés et les cadres tellement riches et corrompus qu’on ne peut plus rien en tirer. 

Qu’attendre d’une armée dont les principales composantes se sont depuis détournées de leurs missions réglementaires, se livrent entre elles à une concurrence malsaine qui n’a aucune raison d’être et se neutralisent ainsi, perdant toute crédibilité et toute efficacité. Qu’elle est la répartition du travail entre le BIR et l’armée régulière dont les éléments, mal utilisés se tournent les pousses à longueur des journées ou se retrouvent dans les chantiers et palmeraies de Mebe n’go et autres Officiers supérieurs. Voilà à quoi servent ces milliers de jeunes gens recrutés chaque année, payés et entretenus par l’argent du contribuable pour la sécurité du peuple. La Police et la Gendarmerie se discutent les villes dans une grande confusion d’attributions, laissant l’arrière-pays à la merci des pilleurs, des tueurs et des brigands de grands chemins. La Sécurité Militaire (SEMIL), la Direction Générale des Renseignements Extérieurs (DGRE) et la Direction de la Surveillance du Territoire se sont transformées depuis en instruments de torture et d’intimidation. Beaucoup de gens ont trouvé la mort dans leurs cellules.  

Qu’attendre des services de sécurité d’un pays dont le coordinateur principal des activités est un certain Paul Atanga Nji, nommé à ce poste à peine déchargé du bagne de Douala où il purgeait quelques années pour escroqueries et qui n’est pas loin de rejoindre la prison de Kondengui pour de nombreux détournements de fonds publics s’il ne bénéficiait de la protection du Roi. Les Généraux et les Commissaires Divisionnaires en charge de ces divers services le boudent et se refusent à toute collaboration avec ce personnage de moralité douteuse et complètement inculte dans ce domaine, bloquant ainsi toute circulation du renseignement militaire qui fait la force des armées.  

Les recrutements fantaisistes et sur fond de tribalisme ont profondément fragilisé l’armée et fait d’elle un refuge de bandits qui y poursuivent impunément leurs activités criminelles, cette fois avec les armes de l’Etat. En temps de crises, le pays ne peut pas compter sur ce personnel qu’il entretient grassement à ne rien faire. Le salaire d’un adjudant-chef est largement au-dessus de celui d’un médecin civil et il le garde dans sa totalité pendant sa retraite avec tous ses avantages.

Une armée tribale dans laquelle les jeunes des autres régions, pour s’y faire enrôler, aidés par la facilité avec laquelle on peut se faire établir un acte de naissance, changent leurs noms pour emprunter ceux à consonance béti. L’entrée dans la grande école des cadres l’armée (EMIA), comme dans certaines autres grandes écoles du pays est, depuis l’arrivée de Biya au pouvoir pratiquement impossible pour les jeunes ressortissants de certaines Régions du pays. Les bétis   forment chaque année les 90 % cent des admissions 

L’armée dispose des cadres aux compétences certaines, hautement formés dans les grandes écoles de guerre du monde entier mais Biya qui ne se croit en sécurité qu’avec les siens, les a relégués au second plan. Que peut-t-on attendre d’une telle armée dans la quelle la compétence et l’expérience sont remplacées plutôt par des considérations tribales et magico-sexuelles.

Le Roi fainéant, au courant depuis des années de ces tares incompatibles avec l’efficacité d’une armée n’a jamais  pu effectuer des réformes en dehors de celles d’accorder aux éléments des  avantages supplémentaires chaque fois qu’ils boudent ou à la veille d’une échéance électorale présidentielle. Il procède plutôt chaque année à des recrutements massifs et fantaisistes, non pas pour le bien de ce corps ni du pays,  mais pour donner du travail à ses frères.

La corruption et les de tourments massifs des fonds publiques ont détruit le tissus économique du pays et mis en faillite toutes les grandes Sociétés parapubliques héritées de son prédécesseur. La pression des impôts et l’arnaque de ses agents  a poussé les opérateurs économiques à se relocaliser dans les autres pays de la sous-région, fermant ainsi toutes les structures qui pouvaient créer des emplois. Biya s’est tourné vers tout ce qui lui restait, l’armée et la fonction publique dont rien ne justifie les effectifs pléthoriques et a sacrifié ainsi leur efficacité.

Acculé par la communauté internationale, l’octogénaire de Mvomeka est sorti enfin de sa léthargie et de son indifférence habituelle face à tout ce que vit son peuple qu’il ne traite qu’avec mépris et condescendance, pour déclarer la guerre contre la secte islamiste. Mais avec qui et avec quoi fera t-il cette guerre  puisqu’il reconnaît lui-même l’inefficacité et l’impréparation de son armée à affronter de tels défis.  

Serge Olivier Atangi  

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Crédit photo : africapresse.com

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